Je ne vais pas vous publier mon bulletin de santé
(mon psy ne veut pas ...) mais simplement mes dernières infos
pour que vous puissiez vivre au plus près de moi cette aventure

 

13 Décembre 2006
Ca y est cela fait une semaine
que je recourre. Plus de fatigue,
un moral gonflé à bloc et près à
en découdre avec tout ce qui
m'attend en 2007. Il ne me reste
plus qu'à retrouver un niveau de
performance plus en rapport avec
mes moyens car forcément après
1 mois et demi d'arrêt total je suis
loin du niveau que j'ai pu avoir
avant mon départ à la Réunion.
Sinon je suis à fond sur le
Raidnight 41 que j'organise (un
raid de nuit au autosuffisance) et
ça va être génial car je prends
un pied pas possible à faire mes
repérages de nuit.

03 Décembre 2006
Toujours pas de jus dans les
chaussettes alors je continue
à courir avec mes souvenirs ...
Photos Officielles


25 Novembre 2006
OK OK, je sais que je ne suis pas
en avance, mais ça y est les
voilà mes photos de la Diagonale
des Fous 2006
Photos de course

Vu de l'extérieur


24 Novembre 2006
Un mois plus tard je suis toujours
sans douleur nulle part, mais
toujours fatigué à l'effort, alors
je prends mon mal en patience.
Cette année je sais ce qui m'attend
c'est pourquoi je le vis bien. Et
comme j'envisage de demander
encore plus à mon corps l'année
prochaine, je n'ai plus le droit de
jouer au c... En attendant voici
la suite de mon histoire une fois
arrivé ...

Voici le résumé de mon après Diagonale

27 Octobre 2006
Ca y est, c'est bien réfléchi.
Je pars comme prévu refaire
le Marathon des Sables en
2007 et je vais tenter de me
faire séléectionner pour la
Bad Water, la 2ème course
le plus dure au monde dans
la vallée de la mort aux
Etats-Unis. Un autre cap !

26 Octobre 2006
6 heures de marches en
montagne sur le 2ème plus haut
sommet de l'île, et tout va bien !

Voici mon résumé de la Diagonale

23 Octobre 2006
Quelle surprise, je récupère
comme si j'avais couru un
marathon un peu vite, pas pire.
Je sens mes mollets et mes
quadriceps lorsque je me lève
et puis c'est tout. Je marche
sans souci. J'ai même fait une
ballade de 2h cet après midi. Un
petit jogging sous les cocotiers
me fait subitement envie. Je
vais tout de même essayer
de réfléchir pour profiter de
ma chance jusqu'au bout,
donc je n'y vais pas ...
aujourd'hui. Du coup demain
ce sera randonnée dans ces
merveilleux cirques pour
partager cette montagne
fabuleuse avec ma famille.
Bon pour être tout à fait
honnête je suis encore
victime de coups de pompe
qui me calment, notamment
après manger. Mentalement
cela va bien, même si je
n'arrive pas encore à bien
réaliser. Je revis seulement
quelques bribes de cette course
de dingues, mais j'évite
soigneusement certains
passages douloureux. Je
repense surtout à toute
l'énergie qui m'est venue de
l'extérieur. A chaque coup de
blues ou de résignation un visage,
une parole, un SMS, un coup de
fil et les tripes serrées je reportais
mon problème à plus tard.
Pour le résumé je n'ai pas oublié
mais j'ai tellement de choses en
tête qu'il viendra d'ici quelques
jours. Encore merci à tous
car je sais ce que je vous dois.

21 Octobre 2006
Je l'ai fait ! JE L'AI FAIT !!!
Je me l'hurle dans la tête
cela m'a paru invraisemblable.
Jamais de ma vie je n'ai souffert
physiquement et psychologiquement
comme sur cette Diagonale des
Fous. J'ai repoussé à un niveau
que je n'imaginais pas mes limites.
Je sais même que je pourrai aller
encore plus loin même si pour
l'heure mon intention est bien loin
de ça. Mes blessures physiques
n'auront pas été à la hauteur de
votre soutien, car en fait je me
suis trompé dans ma première
phrase : ON L'A FAIT. Comment
dire sans pleurer ce que l'on
ressent à la lecture de SMS
d'amis en pleine nuit, à l'écoute
de messages ou de conversations,
à la vue de ma famille qui a trimé
comme peu l'imaginent pour que
je sois à la hauteur, à la pensée
d'Eric pour qui je devais franchir
cette satanée ligne pour ne pas
vivre jusqu'à la fin de mes jours
avec des remords, à la lecture
du forum qui m'était transmis
par téléphone, à la confiance
que m'a apporté mon sponsor
Monceau Assurances. J'ai plus
d'une fois pensé sérieusement à
l'abandon avant de rebondir
dans la seconde en pensant
à vous. J'ai évidemment
commencé l'arrosage mais
ce n'est pas une histoire
terminée. Si tout va bien, je
tâcherai de vous faire un resumé
de ma course pour demain.
Temps officiel 34h02m19s pour
une 162ème place.
MERCI MERCI MERCI !

19 Octobre 2006 (soir)
L'après midi consacrée aux
préparatifs me permet d'oublier
ma contrariété. Et puis finalement
tant mieux comme ça je l'ai
digéré plus vite que si je l'avais
découvert sur le terrain. Je
fignole tout en me remémorant
des détails dont je n'avais pas
souvenance et qui me reviennent
dans ce protocolaire préparatif.
J'ai vraiment envie d'en découdre.
Delphine me mijote les petits
plats que je lui ai demandé.
Même s'ils restent sportifs, je
m'en délecte déjà et sais que je
vais m'en servir de carotte
supplémentaire pour avancer
(qui a dit que j'étais une tête de
mule ??). Nous venons de tout
rechecker et plus j'avance plus
j'ai envie d'en découdre. Fini la
frousse. J'ai trop de comptes
à régler avec la vie et la nature
dans ma tête pour abdiquer.
J'ai trop travaillé pour me
réaliser. Enfin j'ai trop de chance
entre amis et sponsor qui me
suivent pour faiblir avant le
départ. Je retrouve des réflexes
normaux dans mes préparatifs :
je cause avec plein de monde
dans ma tête. Ah oui j'oubliais
le primordial, j'ai tellement fait
subir cette course à ma petite
famille que je n'ai pas le droit
de ne pas franchir avec eux
cette ligne d'arrivée.
Merci à tous, on y va !!!

19 Octobre 2006 (matin)
Ma sérénité vient de voler
en éclat. Plus précisément
hier à 22h, alors que je lis
le journal je lis une petite
phase de 3 lignes à peine
qui m'arrête net dans ma
lecture et m'envoie au lit
accablé, dans la minute
qui suit. Météo France
annonce la pluie pour
vendredi, samedi et
dimanche sur le centre
de l'île et les sommets !
Aucun autre mot me vient
à l'esprit à part j'ai peur !
J'ai peur de vivre 35h à 40h
détrempé alors que quelques
heures, après ma chute
dans le torrent l'année
dernière, m'ont semblé
interminables. J'ai peur de
de l'hypothermie qui nous
menace sur chacun des
sommets et la nuit. J'ai peur
de la chute avec la boue,
les racines déjà glissantes
par temps sec et les échelles
métalliques verticales que l'on
descend en courant sur les
talons. J'ai peur de trop me
couvrir et de diminuer mes
capacités physiques. Toutes
ces interrogations occupent
l'intégralité de ma nuit qui
du coup n'aura pas été
optimale. Ce matin histoire
de reprendre le dessus car
il va le falloir, je décide
d'aller me changer les idées
sur la plage. Il fait 30° à 10h,
du coup la sieste sur le sable
se transforme en plongée
au milieu des poissons puis
retour à la case piscine
à l'abri sous les palmiers
pour une première sieste.
Car aujourd'hui c'est journée
"Bébé" : je mange, je dors.
Je poursuis la lecture du
journal que j'ai lâchement
abandonné hier pour tomber
sur une polémique de certains
coureurs certains que le raid
fait 148 km et non 143 car
les organisateurs veulent de
la démesure. J'en ris tellement
la première mauvaise nouvelle
m'a assommé.

18 Octobre 2006
Aujourd'hui c'est journée
"amis". D'abord au petit
déjeuner avec Patrick, un
métro devenu local qui m'a
conseillé l'année dernière et
qui me donne quelques
indications complémentaires
cette année. Ensuite avec
un autre Patrick et Agnès,
des amis connus voici presque
10 ans ... à La Ville Aux Clercs !
Ensuite, direction Saint Denis
et son stade de La Redoute, là
où j'espère bien arriver samedi.
Ca y est j'ai mon dossard.
Le 1771 évidemment. Il me
plaît toujours autant pour son
côté symétrique, je trouve
qu'il sonne bien. Est-ce
l'expérience ou le hasard,
j'ai décidé de venir 2h après
l'ouverture du retrait des
dossards et au lieu d'attendre
plus d'une heure comme
l'année dernière je le retire
avec tous mes cadeaux en
moins de 10 minutes.
Je m'en veux pres
que mais
je n'ai pas peur. Je ne sais
pas pourquoi, j'ai beau savoir
que le défi va être terrible,
je n'arrive pas à stresser.
Je regarde même sans cesse
la montagne en lui lançant
un regard provocateur :
j'ai envie d'en découdre.
Ce soir je vais continuer
mon opération "Gavage de
Ludo" en mangeant 2 fois
plus qu'à l'accoutumée de
pâtes et de riz. Si si c'est
possible, même si je ne peux
plus bouger ensuite pendant
une heure. Ce soir je vise une
grande nuit et demain ma
journée sera partagée entre
mer, piscine et lit pour le
repos et appartement pour
la préparation de mes affaires
et dernières consignes.

17 Octobre 2006
Après une première longue
nuit de récupération, je pars
pour une sortie d'une heure
dont la première moitiée se
deroule sur la plage, et le
retour quelques dizaines
de mètres plus loin à l'abri
sous les cocotiers, car si
pour le locaux la saison est
en retard, pour moi 28° à 10h
du matin me suffit amplement
pour me remémorer quelques
sensations. Cette heure passe
à toute vitesse car je regarde
ce paysage merveilleux sans
y porter tellement attention
tellement je suis dans mon
Grand Raid. Je ris, je souffre,
je discute avec amis, collègues
et sponsors, je m'alimente, je
calcule l'incidence de ces 3 km
supplémentaires sur mon objectif,
je pense à Eric, Orlane et Juju,
je pense au saucisson et aux
pâtes que doivent m'apporter
Delphine et les enfants à des
points stratégiques, ... bref
je vis par projection ma
Diagonale. D'ailleurs plus
j'y pense et plus je lis les articles
sur ces 3 km en plus par rapport
à 2005, plus je suis conscient
qu'il est quasi impossible que
je réussisse mon pari de faire
moins de 35 heures. C'était déjà
très ambitieux à parcours
équivalent alors maintenant que
l'effort à consentir revient à gagner
1mn30 à chaque kilomètre par
rapport à l'année dernière cela
semble fou et déraisonnable.
Mais comme je m'en voudrai de
devenir raisonnable et en manque
de folie, je décide de maintenir
cet objectif. J'ai donc recalculé
tous mes temps de passage
prévisionnels en fonction de ces
nouvelles données et je ferai
tout pour réussir quand même.

16 Octobre 2006
La journée est consacrée au
repérage. J'en profite pour
cumuler les plaisirs avec un peu
de sport, plein les mirettes et
un peu dans la tête avec une
petite marche/trot de 3h30
sur le Piton de la Fournaise.
Il fait très froid sur le haut du
volcan, du coup je réfléchi
encore à ma tenue pour le départ.
Recourir sur la lave aura aussi
été bénéfique pour la mémoire
de mon pied, car rien en
métropole n'est comparable
à un terrain comme celui-là.
Le passage par la Plaine des
Sables m'a également permis
de confronter mes souvenirs
à la dure réalité du terrain et
à cette côte telle un mur qui
s'érige au bout de la plaine et
qu'il faut grimper. Enfin un petit
jeu de course d'orientation
en voiture pour montrer à
Delphine où se trouve
Mare à Boue car elle n'avait su
s'y rendre l'année dernière et
sa présence y est cette année
impérative dans mon plan.
Au final beaucoup d'émotions
au contact de cette fabuleuse
nature et surtout quelques
points de repère. Histoire de
ne pas gâcher les clichés
je termine par une petite
heure de baignade en mer
à débusquer des poissons
de toutes les couleurs.
Ah oui j'oubliais on parle de moi
dans le journal du jour ! Non,
juste mon nom qui figure sur
la première partie de la liste
des inscrits qui est publiée
dans un des journaux locaux.

15 Octobre 2006
Rien n'a changé, tout est
toujours aussi beau, le climat
et la mer toujours aussi chauds,
et surtout les gens toujours
aussi accueillants.
Malheureusement il ne s'agit
pas de tourisme mais d'un raid
que je suis venu faire et à peine
débarqué à l'aéroport, nous
sommes accueillis par Robert
Chicaud le président de la
Diagonale des Fous. Il nous
souhaite la bienvenue, nous
offre un coup à boire et un
cadeau puis nous explique le
programme de cette diagonale
2006. Le bougre insiste beaucoup
de la petite boucle de 3 km
qui a été rajoutée au parcours
de l'année dernière. Il s'agit soit
disant d'un ilet merveilleux de
Mafate, mais surtout difficile
comme peu d'ascension et si
dangereux qu'il convient d'être
extrêmement vigilant. Nous
aurons à ce moment là parcouru
plus de 100 km, il nous faudra
donc redoubler de vigilance
pour ne pas tomber sous l'effort
ou tomber tout court. Bref en
quelques minutes je viens de
passer de la joie d'être enfin à
la Réunion pour en découdre à
l'inquiétude d'un bout de parcours
dont je ne mesure ni la difficulté
ni l'impact sur mon plan de course,
en passant par le souvenir qui
fait trembler les abdominaux à
me remémorer l'effort consenti
durant mon ultime descente, celle
dans la montagne qui me fait face.

14 Octobre 2006
Ca y est enfin le départ.
Ca commence à sentir bon
le soleil, et depuis la première
heure du jour les chansons se
succèdent dans ma tête.
Ce sont Fred et Sandrine mes
amis qui nous emmènent.
Le plaisir jusqu'au bout !
A bientôt depuis l'autre
émisphère et encore merci
à tous pour vos très nombreux
messages de soutien, ou courra
ensemble c'est promis. Top départ
désormais pour vos messages
uniquement sur le forum.

13 Octobre 2006
Une journée émotionnellement
compliquée avec d'innombrables
pensées pour Eric, mais surtout
une première alors que je rentre
en TGV de mon boulot : j'ai peur !
Pas du tout de la Diagonale, pas
des émotions auxquelles je me
prépare lorsque j'aborderai les
800 derniers mètres, pas de
souffrir physiquement ou
psychologiquement durant
le raid, mais tout simplement
de décevoir. Je viens de me
rendre compte que je maîtrise
ma tête, que je dispose d'un
physique comme rarement j'ai
eu, que j'ai préparé avec
minutie ma tactique de course
comme mon alimentation.
J'ai simplement peur de
décevoir car j'ai le sentiment
que tout le monde est sûr que
je vais franchir la ligne de cette
Diagonale parce que je l'ai déjà
faîte, parce que j'ai réussi mon
premier MDS et parce que je me
suis donné comme objectif de
terminer en moins de 35 heures.
En fait j'ai peur que l'on oublie
que terminer cette Diagonale
n'est pas gagné. J'ai peur
mais finalement c'est bon
car si dépasse ma peur je
serai le plus heureux des
hommes.

12 Octobre 2006
J'adore jouer sur le fil, alors voilà
ce soir je viens de faire un constat :
je pars dans 2 jours, demain je
ne suis pas chez moi, il ne me
reste donc que ce soir pour
faire toutes mes valises et ne rien
oublier. J'adore cet état d'excitation
avant de partir où je sais que c'est
le dernier moment et que je n'ai pas
le droit à la moindre erreur. En
l'espace d'une heure j'ai tout
bouclé. Une nouvelle fois mes
affaires de course prennent une
grande valise et à moi seul j'emmène
autant de bagages que ma femme
et mes enfants réunis, ce qui en
temps normal ne m'arrive jamais.
Cela a l'avantage au moins de nous
faire rire, moi qui maugrée sans
cesse contre ces valises remplies
de choses inutiles.
Mentalement je suis prêt à en
découdre et toujours serein.
Le problème c'est qu'aujourd'hui
cela est sans intérêt. J'espère donc
continuer à maîtriser mes émotions
jusqu'à vendredi 20/10 1 heure
du matin ...

11 Octobre 2006
Comme le disait Gustave Le Bon,
"les volontés précaires se traduisent
par des discours, les volontés fortes
par des actes", alors oui j'ai mal
aux adducteurs, mais peu importe
la blessure, il faut que je montre
à mon corps qui commande ! Et
dans le cadre de ma préparation
mentale je me rassure en me
prouvant que ma tête peut tenir.
Je m'octroie donc 1h20 de vélo
car c'est moins traumatisant que
la course et surtout cela me
permet de me défouler. Je ne suis
en revanche pas inquiet mais en
tout cas attentif à mes émotions
car je prévois de vivre intensément
les 800 derniers mètres de cette
course à la mémoire d'Eric. J'espère
juste être assez fort pour ne pas
oublier tout ce que je prépare
en détail depuis des mois pour
réussir ce défi, omnubilié par mon
impatience de vivre l'instant.

10 Octobre 2006
A J-10 dans mon état il ne me reste
plus qu'à phylosopher. Alors durant
les heures que je passe ce jour
dans ma voiture je savoure ma
chance. Bien sûr celle d'être
en vie, mais aussi celle d'être
en forme, de bientôt partir
dans un lieu paradisiaque, de
pouvoir participer à l'une des
courses les plus dures au monde,
et surtout celle d'être soutenu.
Par ma famille, mes amis, mes
collègues bien sûr, mais surtout
par mon partenaire. Car il ne faut
pas l'oublier, si cette aventure
me coûte beaucoup d'argent,
j'ai tout de même la chance
d'avoir un partenaire qui me
soutien depuis toujours dans
mes défis les plus fous.
Financièrement cela m'aide
incontestablement. Et après
réflexion, le plus bel apport de mon
partenaire, c'est sa confiance !
Oui j'ai la confiance d'un groupe
dont le logo figure un peu partout
sur ce site, mais dont on finirait
presque par oublier la présence
ou par croire qu'il s'agit d'un fond
de page. Il s'agit du Groupe
Monceau Assurances, et cette
confiance, c'est certainement cela
ma plus belle chance. MERCI !

9 Octobre 2006
Ah mon ami l'électrosimulateur !
Toi tu ne me lâches pas, je m'en
remets donc à toi pour maintenir
mon corps en condition opérationnelle
tout en me reposant de la course.
Mentalement je tiens le coup,
car si je ne sais pas le moins
du monde comment, je sais que
je serai remis à l'heure du départ.
Je me prépare donc en visionnant
dans ma tête et en boucle les
innombrables difficultés de ce
raid pour m'habituer à réagir
comme je le dois et non comme
je l'aurai fait habituellement.

7 Octobre 2006
Je n'ai pas le moral dans les
chaussettes, même si j'ai pris
un coup sur la tête. D'après mon
médecin, il est fort possible que
je ne sois pas rétabli d'ici 13 jours
et que je doive renoncer à ma
Diagonale des Fous.
Inimaginable, donc je vais suivre
à la lettre ses recommandations
et prescriptions, mais mentalement
je poursuis ma préparation comme
prévu. Il n'y a aucune place
pour l'option abandon avant
le départ. Seule la douleur pourra
m'arrêter et elle devra mettre la
barre très haut car si j'étais déjà
surmotivé, j'ai désormais 800m
à terminer pour mon copain Eric
et il est inenvisageable de ne
pas les faire.

4 Octobre 2006
Aucun mieux, peut-être même
pire, mais je garde le moral.
De toute manière physiquement
ma préparation est faîte et ce
n'est plus maintenant que j'ai
quelque chose à gagner car je
dois désormais me reposer
pour que mon corps puisse
donner son maximum dans
16 jours précisément.

3 Octobre 2006
Ca y est je suis dans une course
normale, c'est à dire blessé !
C'est réellement incroyable que
j'arrive à me blesser avant
n'importe quelle course importante.
Cette fois ci et pour la première
fois ce sont les adducteurs qui
me font souffrir au point d'ailleurs
de m'empêcher de courir. Pas
grave à force je m'habitue,
je relativise et surtout j'espère
en ma bonne étoile pour que ce
mal ait disparu dans 2 semaines.

2 Octobre 2006
Un petit point santé : je pèse
66Kg, il me faut donc grossir un
peu ce qui devrait être possible
avec la baisse d'intensité de mon
entraînement dans les 2 semaines
à venir. Mon coeur bat à 43 au
repos, celui-ci est d'après le
médecin dans une forme rare et
en tout cas parfaite pour ce que
j'envisage. Enfin mon test d'effort
qui s'est terminé par 3mn à 22km/h
m'a rassuré, même si la diagonale
des fous ne nécessite aucune
vitesse, j'ai confirmation que mes
sensations sont cohérentes :
j'ai la grande forme !!!

1er Octobre 2006
La fatigue mentale, la fatigue
de la route, ... bref je ne me sens
pas dans mes baskets (pas bien
pour un coureur à pied). Je décide
donc de m'aérer avec 2h30 de vélo
à vitesse soutenue. Le résultat
est là, je me sens libéré, plus
fatigué et je suis heureux d'avoir
su protéger mon corps des impacts
de la course à pied.

30 Septembre 2006
Un gros coup de calgon avant
la course que je devais courir avec
Eric, les boyaux noués lors de la
minute de silence en son honneur,
puis la délivrance de tout donner
pour lui. Malgré un déluge totalement
surréaliste (de l'eau au dessus du
pédalier de mon VTT sur des
tronçons de route !), la journée
est sportivement intéressante,
d'autant plus qu'elle s'est déroulée
dans une ambiance festive avec
des gens qui ont réussi à me
faire rire même s'il m'est impossible
de ne pas penser à lui à chaque
instant.

28 Septembre 2006
Ta maman m'a demandé hier de
rire et de donner mon maximum
sur le Defimmo que nous devions
relever ensemble ce week-end,
car c'est ce que tu aurais fait.
Evidemment je ne sais pas
encore comment, mais il est
certain que comme tous les
autres membres de l'équipe
nous nous y attacherons.

27 Septembre 2006
Une journée longue comme on
en fait rarement. Une journée où
je doute de tout ce que j'ai pu
travailler pour être fort mentalement.
Une journée comme tant d'autres
je me suis promis tant de chose
à ta mémoire. Une journée que
je ne veux pourtant pas oublier
puisqu'elle doit me servir pour
rebondir et parce que je l'ai
trouvé parfaitement à ton image.
Toute ta joie de vivre a rejailli
sur cette cérémonie. Un premier
cap dû au hasard du calendrier
nous aura permis avec tous les
copains du club de faire un pas
vers l'apaisement en nous entraînant
sur ce que tu redoutais toujours :
le fractionné. Tous ensemble, ton
visage en fond d'écran, nous nous
sommes entraînés en riant
même si naturellement nous ne
pouvions atteindre l'intensité
habituelle de nos rires.
Tu cours toujours !

26 Septembre 2006
Eric, mon ami, mon collègue,
mon confident, mon copain de
club, ma mère et ma femme.
Un seul homme pour six rôles
quotidiens qui m'ont permis
chaque jour d'avancer, de
progresser, d'apprécier la vie
et les hommes. Mon ami tu m'as
toujours fait rire dans toutes les
situations et comme tu aimais à
le dire, rire tous les jours cela
n'a pas de prix. Mon collègue,
nous savions alterner nos casquettes
d'amis et de collègues pour aller
toujours au bout de nos projets
car tu avais un sens profond
du service et tu recherchais sans
cesse la perfection. Mon confident,
car nous passions tous 2 plus
de temps ensemble qu'avec nos
propres familles. La richesse et
l'authenticité de nos échanges
nous amenaient sans cesse à un
partage de notre intimité que
l'on savait chacun protégée.
Mon copain de club, tu m'as fait
confiance pour relever ton premier
défi sur marathon, quel honneur !
Quel plaisir de partager avec toi toutes
ces joies et cet épanouissement
dans le sport. Quelle animation
tu as su amener dans notre club.
Toi qui pensait que le club t'avait
aidé à passer des moments difficiles
de la vie, c'est en fait toi qui a
contribué à ce que notre groupe ait
tant d'âme et soit si uni. Enfin mon
Riri Boy j'aimais tant t'appeler Maman
ou Chérie, tellement tu étais
prévenant et soucieux vis-à-vis
de moi, de ma santé et de ma famille
comme peuvent l'être ma propre
mère et mon épouse. Nos week-ends
étaient parfois longs, rien qu'à
devoir attendre un lundi matin pour
nous revoir, désormais tu ne me
manqueras plus, tu seras jour
et nuit à mes côtés et je franchirai
toutes les lignes d'arrivées du monde
avec toi, n'oubliant aucun de
tes conseils ni aucune de
tes précautions.

24 Septembre 2006
Un week-end fabuleux avec ma
famille à Laval, où je participe au
Marathon des Ecluses. Je fait comme
prévu le premier semi au rythme
histoire de travailler puisque je ne
suis là que pour mon entraînement
pour la Diagonale des Fous, puis
un second tranquille ... jusqu'à
ce qu'au 35ème Km je me fasse
rattraper par un coureur nanti
d'un accompagnateur à vélo.
Agacé par cette aide et repensant
à toutes celles et tous ceux que je
pousse à se transcender à
l'entraînement, je me dis que je
n'aurai le droit d'être exigent vis à
vis d'eux que si je montre l'exemple !
Me voilà donc parti à remettre dans
les rétros 1, puis 2, ... , puis 5
coureurs sur seulement 7 km.
J'arrive en jouant avec mes limites
alors que depuis le début je courre
sans cardio ni chrono pour ne pas
être tenté par une performance.
Quelle ne fut pas ma surprise
de me voir arriver en 2h49, ce qui
pour un entraînement est disons
le plutôt pas mal. Malheureusement
cette belle journée et ce beau
week-end qui semblaient vouloir
se terminer à merveille après que
je sois monté sur le podium puis que
j'ai gagné à un tirage au sort, se
termine de façon tragique ! Mon ami,
confident, collègue et copain de club,
Eric FICHET est décédé à 800m de
l'arrivée des 20km de Tours alors qu'il
allait frapper la main de sa petite amie.
La rage qui me tort le bide ne nous
le refera pas revenir et ne pourra
en aucun cas apaiser la douleur de
sa famille, encore moins celle de sa
fille de 6 ans. Alors Eric grâce à toi
j'ai souvent été amené à réfléchir sur
la vie, sur les choses importantes,
sur les valeurs auxquelles je tiens
tant, et je te promets que j'irai plus
loin encore pour toi car j'ai conscience
de ma chance.

22 Septembre 2006
Malheureusement il n'y a aucune
amélioration de ma blessure. Je
me prépare mentalement à vivre
une course difficile où je ne pourrai
pas attaquer (même si mon objectif
n'est que de faire 3h) et où je sais
que je vais me faire mal en me posant
la question de savoir si je ne pourrai
pas me montrer intelligent pour une
fois en abandonnant ...

21 Septembre 2006
La voilà cette satanée blessure.
Soit mon volume de travail est trop
important soit c'est la faute à pas
de chance, mais comme d'habitude
à l'avant veille d'une course je me
blesse. Une vive douleur aux
adducteurs me contraint à stopper
le fractionné que j'entamais.
Plus que la douleur, j'enrage de
savoir que dimanche je vais devoir
courir une nouvelle fois le marathon
de Laval blessé. Ce n'est pas un
problème de performance puisque
mon objectif n'est que d'ajouter
des kilomètres à mes sorties de
la semaine. Mon problème c'est
que je me connais et qu'il n'est
pas envisageable que je ne prenne
pas le départ de cette course, et
donc que je risque potentiellement
d'aggraver mon cas. Pour l'instant
je croise les doigts en espérant que
cela passe comme si de rien n'était.

20 Septembre 2006
La natation me fait un bien fou
car je retrouve des sensations qui
ont fait mon bonheur durant toute
ma jeunesse, mais aussi parce qu'il
s'agit d'un moyen de m'évader et
de maintenir mon activité physique
tout en prenant soin de mon corps
auquel j'épargne du coup tous les
habituels impacts que la course
à pied inflige. A minuit, je n'ai pas
eu le temps de m'entraîner en raison
de l'assemblée générale du MDPV,
aussi je décide de me faire un petit
entraînement nocturne en forêt
histoire de m'habituer toujours un
peu plus à cette ambiance si spéciale
et d'avoir ma dose d'endorphine
quotidienne. La sortie est merveilleuse,
avec la rencontre de toutes sortes
d'animaux et une nuit noire comme jamais.
Je manque juste de m'empaler sur 3
chevreuils au milieu du chemin qui
auront visiblement été plus effrayés
que moi de voir un idiot avec des
lampes sur leur terrain à une heure
pareille. Se servir de ses pieds et
de ses oreilles pour remplacer ses
yeux est vraiment un exercice
important qui ne s'improvise pas.

19 Septembre 2006
Plus les voyants sont au verts et
plus je suis inquiet ! Il m'arrive
habituellement toujours quelque chose ...
En attendant de me blesser, je veille à
mon poids, car contrairement à beaucoup
de nanas qui passent leur temps à se
demander pourquoi elles ne perdent rien
là et là, moi j'en suis réduit à me gaver
pour éviter les gros coups de pompe
et pour enrayer la perte de poids
habituelle due à un fort volume
d'entraînement. Je passe souvent sous les
67Kg ce qui n'est pas du tout suffisant.
Niveau masse grasse tout va bien
avec un peu moins de 10% de mon
poids. Si tout va bien lorsque j'entamerai
ma période de repos pré-compétition
durant 15 jours, je continuerai à
m'alimenter en quantité identique
histoire d'arriver à la Réunion à 68Kg
soit le minimum de sécurité qu'il me
faut m'imposer pour une course de
cette distance.

12 Septembre 2006
Malade comme un chien toute la
soirée, il m'est impossible d'envisager
la moindre activité, aussi je remplace
mon fractionné du jour par un jour
de repos qui me sera forcément
salutaire. L'expérience aidant, je n'ai
désormais plus de mal à m'en convaincre !

11 Septembre 2006
Il est 22h, je pars courir et ...
c'est le manque de sensations total !
Je suis malheureux, mais je sais qu'il
ne me servirait à rien de vouloir à tout
prix faire cette séance que j'abandonne
au bout de 10 mn seulement. J'ai
malgré tout besoin de me défouler,
aussi je réalise ce besoin sur mon vélo
d'appartement en même temps que je
regarde durant 1h40 le DVD de la
Diagonale des Fous 2005. Pour être
franc, cela me serre, car remettre
toutes ces images sur mes émotions
m'amène inéluctablement à penser
à ce qui m'attend et aux terribles
efforts que je vais devoir fournir.
Je travaille donc autant ma tête
que mon corps et je me plonge déjà
dans la tactique en analysant ma
course et celle des premiers pour
déterminer ce que je vais pouvoir
reproduire et éviter comme erreurs.

10 Septembre 2006
Une petite marche de 12km parmi
les vignes avec pas mal de nouvelles
dégustations dans les chateaux pour
aujourd'hui. Allez c'est le dernier jour
où je me lâche sur l'alcool. D'ailleurs
histoire de me donner bonne
conscience je m'impose en soirée
1h30 d'électrosimulation.

09 Septembre 2006
Une petite virée dans le Médoc pour
une 3ème participation consécutive
au Marathon du Médoc, et forcément
un week-end merveilleux durant lequel
j'ai pu une nouvelle fois apprécier tous
les chateaux proposés sur le parcours,
faire un marathon déguisé en vieillard
allant au lit (avec véritables chemise
de
nuit, bonnet de nuit et ... slip
kangourou d'époque ! Du qui gratte ...).
Parti avec un groupe de 27 amis, j'ai
également eu le plaisir de voir rejoindre
le club des marathoniens 5 petits
nouveaux (c'est toujours aussi magique
à voir) et de retrouver François,
l'un de mes compagnons de la tente 34
du Marathon des Sables.
Que du bonheur, 42 km de plus à mon
entraînement et un nouveau record
de battu, celui de l'excès de lenteur
avec un temps de 6h15.

06 Septembre 2006
Rapide coup d'oeil sur le site de la
Diagonale des Fous, et "oh misère"
mon objectif chronométrique s'annonce
encore plus complexe à atteindre
puisqu'à la lecture du road-book de
l'année, je découvre que le parcours
a été rallongé d'un kilomètre et que
la dénivelée positive à augmenté de
200m pour atteindre 8700m positive
en cumulée. Si 1km et 200m de
dénivelée supplémentaires peuvent
sembler ridicules, après une distance
telle (143 km) sur un parcours aussi
technique et difficile cela prend tout
de suite une autre ampleur. Pas
question pour autant de m'appitoyer
je vais plutôt m'en servir pour me
motiver encore plus à me dépasser
pour atteindre mon rêve de terminer
en 35 h maxi !

05 Septembre 2006
Grande nouvelle pour le petit coureur
que je suis : suite à un pari lancé
à l'occasion du dernier marathon
du Mont Saint-Michel, j'ai réussi
à convaincre mes amis Dominique
Chauvelier, quadruple Champion
de France de Marathon, Philippe
Remond, double Champion de France
de Marathon et Bruno Lacroix,
Rédacteur en Chef de notre bible
à tous Jogging International à
constituer une équipe avec moi
pour le prochain Marathon des Sables
2007. L'objectif n'est pas comme il
serait facile de penser, un objectif
sportif, même si nous sommes tous
des compétiteurs et que des coureurs
avec tel palmarès sont forcément
poussés par la compétition, mais
un objectif humain, car pour avoir
eu la chance de vivre déjà une
expérience du MDS, il s'agit là
vraiment d'une occasion rare dans
la vie d'un homme, de sentir
porté par son esprit et de se
découvrir tout simplement dans
la peau d'un homme ni plus ni moins.

26 Août 2006
Parti blessé, trop pour m'imaginer
capable de faire seulement 15 km,
j'ai bien du mal à m'expliquer comment
j'ai tenu ce 100 km sans abandonner
et sans même m'arrêter. En fait
j'ai poursuivi pour Fred mon
accompagnateur car alors qu'il va me
rejoindre au 15ème km, je ne m'imagine
pas lui annoncer que je dois
abandonner parce que la douleur
est trop forte pour moi. Je serre les
dents en espérant en faire 5 voire
10 km de plus. Au final après de bons
fourires et quelques moments durs on
l'a terminé ce 100 km "d'entraînement".
Mieux encore alors que Fred a géré
mon allure tout seul, j'apprends à
l'arrivée que nous sommes 6ème
au classement général et que je
termine en 8h32, soit 3mn de moins
que mon record alors que j'envisageais
cette course uniquement pour
augmenter mon volume global
d'entraînement avant la Diagonale
des Fous, pas une seule seconde
pour faire un temps quelconque.
La surprise est finalement superbe.
Elle me permet de me dire que pour
l'instant mon entraînement est d'un
niveau tout à fait satisfaisant. En
revanche ma blessure elle est là
pour me rappeler que la santé est
un équilibre fragile et que j'ai tout de
même beaucoup demandé à mon corps.

22 Août 2006
Il fallait bien que cela se gâte !
Voici enfin la blessure, celle que l'on
redoute tous et que l'on attend
presque tellement il est fréquent de
se blesser au moment où l'on pense
que tout va pour le mieux. La petite
douleur que j'ai ressentie dimanche
lors de mon marathon a amplifiée
de façon phénoménale. Résultat :
double entorse et tendinite à la
cheville droite. Je savais bien que
j'avais senti quelque chose ...
Comme tout le monde je n'aime pas
être blessé, mais surtout je n'ai
aucune envie de renoncer à mon
100 km de samedi, non pas qu'il
ait une importance redoutable
dans ma préparation mais plus
basiquement parce que je haie
renoncer ...

20 Août 2006
Je viens de courir 2 marathons en
2 jours pour augmenter sensiblement
mon volume. Départ à 6h30 les 2 jours
pour me permettre d'assumer mes
autres activités. Bizarrement je suis
dans une forme éblouissante, je n'ai
pas la moinde douleur nulle part,
je suis tout juste un peu plus raide
qu'à l'habitude lors de mes étirements
finaux (déjà que je ne suis pas souple
du tout de nature ...). Forcément
ça donne le moral, mais pas de quoi
s'enflammer car La Diagonale ce sera
une autre affaire. D'ailleurs on verra
dans une semaine puisque le week-end
prochain je vais courir un 100 km
d'entraînement, qui m'en dira déjà
un peu plus sur mes réelles
capacités d'endurance.

15 Août 2006
Dernier jour de congé dans les Alpes
et coup de bol il y a une course de
montagne organisée à une trentaine
de kilomètres, il m'est donc impossible
de la louper d'autant plus qu'elle est
courte et semble particulièrement raide.
Après plus de 2 semaines d'entraînement
en montagne sur longue distance, cela
me permet de savoir ce qu'il me manque
précisément côté vitesse. A ma grande
surprise je termine 14ème avec une
moyenne supérieure à 14 km/h et une
pointe de vitesse à 21 km/h. Les paysages
fabuleux, la difficulté réelle de la course
(sans être extrême quand même),
la vitesse que j'ai été capable de tenir
et cette inimitable ambiance de course
en font une journée réussie !

8 Août 2006
Je me suis bien entraîné 2 heures ce
matin pourtant à 23h30 je traîne des
pieds dans l'appartement. J'ai décidé
que je devais aller m'entraîner 1 heure
en pleine nuit en montagne pour
voir, même si je l'ai déjà fait
plusieurs fois, si j'en étais capable.
Je me prépare si lentement que c'est
à se demander si je vais vraiment partir
courir. Pas question de défaillir, aussi
je finis par me chausser et partir.
J'ai beau l'avoir déjà fait j'ai le coeur
qui bat la chamade et je suis à l'écoute
de tout, de l'impact de mes chaussures
avec le sol, des animaux, des feuilles
qui bougent, de ma respiration, de mon
coupe-vent qui frotte sur mon camel-bag
... Au bout d'un quart d'heure seulement
je prends mes marques avec la montagne
et je me sens enfin en confiance.
Finalement les trois quarts d'heure suivant
sont un bonheur intense, autant par
l'émotion de me savoir où je suis, que
par ma capacité à avoir surmonté mes
craintes de partir seul dans un
environnement qui reste dangereux.

    
Cliquez sur les photos pour les agrandir. Celle de droite donne la visibilité frontale allumée

4 Août 2006
Physiquement je progresse, même si
je sais que le travail sera encore long
pour être à niveau. Arrivé à un peu plus
de 2000m, j'ai froid (3°) et surtout
la pluie me transperce bien longtemps,
aussi à contre coeur je décide d'être
raisonnable et d'arrêter là mon ascension
pour ne prendre aucun risque. Descendant
par une autre face de la montagne que
celle initialement prévue, je pense tout
à coup à ce que j'ai dit là veille à ma
femme : "Oh regarde par là les falaises
milieu de la forêt. Il n'y a aucun chemin
et cela ressemble vraiment à la Réunion".
Incapable de résister à cette envie
déraisonnable je me lance sous une
pluie toujours battante dans cette
descente sans même savoir où cela
pourrait m'emmener. A chaque foulée
je prends un plaisir intense à maîtriser
mon stress et à deviner ce que seuls
mes pieds peuvent me décrire sous
ces 80 centimètres d'herbes hautes.
Tantôt des branches, tantôt des
pierres, tantôt la boue. C'est formidable
d'avoir l'impression que mes pieds ont
pris mes yeux pour décrire avec précision
le décor avant même l'impact de mes
pieds avec le sol. Effectivement c'était
dangereux, mais le plus important c'est
que j'ai pu me projeter comme rarement
dans ce que j'allais revivre sur cette
Diagonale des Fous.



Cliquez sur les photos pour les agrandir

31 Juillet 2006
La réalité est difficile : je suis très
loin du niveau qu'il me faudra avoir
avant de m'envoler pour la Réunion !
Heureusement mentalement je n'ai rien
perdu, alors je commence directement
par du dur. J'arrive au sommet que je
me suis fixé avant de partir, en revanche
j'ai (trop ?) longtemps joué avec mes
limites pour ne pas me blesser.
Après avoir craint pour mes chevilles
et mes genoux qui brinquebalaient
à tout va dans les descentes les plus
raides, je trouve le moyen de me prendre
une bonne gamelle à quelques centaines
de mètres de la fin de ma sortie. Je m'en
veux non pas de m'être blessé, mais
d'avoir un instant baissé ma vigilance
par excès de confiance alors que je sais
qu'il s'agit d'un principe de base à ne
jamais transgresser.



Cliquez sur les photos pour les agrandir
Photos du M.D.S.

20 Avril 2006
A lire les mails de tous les copains
et copines de ce MDS, il semblerait
qu'une nouvelle épreuve commence :
retrouver sa place dans notre société
de fous et se remotiver pour accepter
tant de stupidité dictée par notre
soit disant civilisation. En attendant
que cela se fasse, je surfe comme
chacun sur des centaines de souvenirs
tous bons, car aujourd'hui même en
cherchant de façon objective au
plus profond de moi je ne trouve
pas trace d'un moment pénible.
Combien de temps va durer ce
mélange intense de bien-être et
de manque ? Là est la question ...

19 Avril 2006
Les pieds sur le bitume, la tête
dans le sable pourrait être un bon
résumé de ma journée. Dès 8h du matin
alors que je prends le métro, je ressens
soudainement une impression de soif
et le ventre qui se noue. J'ai beau
lire, mon corps réagit à mes arrières
pensées qui revivent en boucle ce
Marathon des Sables. Mes nouveaux
amis me manquent déjà terriblement,
et surtout je me demande comment
faire pour transmettre l'information
et ne plus jamais laisser la misère
se faire envahir par l'oubli.
Le désert peut finalement peut-être
se définir comme un lieu d'extrémisme
climatique, de beauté, de misère
d'humanité et de fraternité.
Plus je réfléchis et moins j'ai le sentiment
d'avoir réalisé une prouesse sportive.
J'ai simplement réalisé ce pour quoi
je m'étais programmé. En revanche
quelle découverte sur les capacités
d'adaptation de l'homme et sur son
fond si bon et si loin de notre
actualité quotidienne lorsqu'il redevient
simplement un homme.
Au MDS il n'y a pas de sexe, pas de
religion, pas de parti politique, pas
de couche sociale qui cherche à
dominer une frange de la population.
Il y a juste des hommes et des femmes
qui se démènent, se respectent,
s'entraident, se soucient des
autres, ... La vraie vie quoi !

18 Avril 2006
Le retour à la civilisation est difficile.
D'abord parce que je suis un bouzeux
qui vient de prendre une overdose
de bonheur avec dame nature,
ensuite parce qu'à mon arrivée
hier soir le plaisir de retrouver les
miens m'a certainement fait résister
à cette rupture terrible et a masqué
une fatigue nerveuse inévitable.
Aujourd'hui il m'est en revanche
beaucoup plus dur de résister en
travaillant. Les nerfs se relâchent,
les flashs se succèdent dans ma tête,
et je combats tant bien que mal la
fatigue qui me gagne. Le M.D.S.
c'est une aventure d'homme.
Pas au sens viril du terme bien sûr,
au sens humain. J'ai l'impression
d'être devenu seulement maintenant
un homme. Moi qui ai toujours soutenu
la fraternité, j'étais bien à des années
lumières de ce que j'ai pu vivre lors
de ce périple. Quelle belle leçon
sur l'inutile, le superflu et l'essentiel
dans nos vies. Quelle chance aussi.
La chance d'être en forme bien sûr,
mais aussi celle de vivre dans le luxe
de nos vies, bien loin de la misère
du monde, enfin celle d'avoir une telle
richesse de coeur avec une famille
et des amis si présents en moi.

Bientôt les photos et un résumé
plus détaillé de cette aventure ...

15 Avril 2006
dernière étape
Ca y est, il l'a fait, il a terminé
le 21ème Marathon des Sables en 30H53'46''
à la 110ème place. Il vient de m'appeler,
tout va bien. Nous allons le chercher
avec les enfants lundi soir à Roissy.
Vous pouvez continuer à lui adresser
des mails sur le "Fou Rhum" du site.
Il vous répondra dès son retour.
Anaïs, Antoine et moi-même sommes
très fiers de lui. BRAVO.
Delphine.

14 Avril 2006
5ème étape - 42,2 Km
Bien remis de la longue, je suis mentalement
d'attaque malgré une nuit très ventée,
sableuse et froide. Sur la ligne je tire
à pile ou face pour savoir si je fais
cette étape en étant raisonnable ou
si je me montre digne de ma folie.
Coup de chance c'est la folie qui gagne!
Le vent de la nuit est toujours plus
que présent et nous l'avons en
pleine figure, si bien que je pars avec
les lunettes de tempête. J'attaque d'entrée
à bon rythme et partant de derrière
je me régale à doubler un à un les
concurrents. Je ne sais pas comment je fais,
mais j'ai la moelle alors je pousse sur la
machine. Les paysages sont toujours
aussi beaux mais je ne prends que peu
de photos tellement je suis pris par l'esprit
"
marathon" de cette étape de 42,2 km.
Je saute les 2 repas prévus en course
pour pousser toujours un peu plus.
Nous franchissons des dunes énormes et
j'hurle de bonheur à chaque sommet.
Quel privilège d'être en forme en ces lieux
si magiques. Je finis à 18km/h en pensant au club.
4h41 sur marathon dans le sable avec un
sac à dos, je jubile à l'idée de chambrer
quelques copains et ma femme ...
Je suis dans une telle euphorie que je
passe la ligne en marche arrière en
sifflant et dansant un air brésilien.

13 Avril 2006
Puisque j'ai eu la chance d'arriver au tout
début de la nuit, je bénéficie d'une journée
complète de repos tandis que nous attendons
les derniers arrivants. J'en profite pour
me reposer, me soigner et écrire,
car je souhaite vraiment vous faire
vivre cette aventure en détails.

12 Avril 2006
4ème étape - 72 Km réduite à 57
J'ai tenu la longue. Des paysages
EXTRA-ORDINAIRES ! Je me suis
régalé dans la difficulté. Quel plaisir
de résister à l'environnement une nouvelle
fois terrible. Avec femme, enfants, parents,
beaux-parents, sponsors, cousins, amis,
collègues et même inconnus, j'ai couru
des dizaines de milliers de foulées
pour tenir. Pas une seconde je ne me
suis senti seul, je vous ai même fait, à tous,
la conversation. Une nouvelle fois la tempête
était au rendez-vous, mais l'école du MDS
me forme à résister de mieux en mieux. 3 fois
je suis à bout physiquement, alors je me couche
dans le sable et mange 1 purée puis 2 soupes
pleines de sable. Je ne pense pas une seconde
à me plaindre car je sais que je cotoie la
misère du monde et que mon cas est ridicule.
J'ai bu 17 litres pour à peine 25cl d'urine.
Je me force à courir pour me prouver que
ma tête peut gagner. Je finis les 4 derniers
kilomètres de nuit sans frontale (bien
qu'obligatoire) malgré les énormes dunes.
Je franchis dunes et champs de pierres,
comme un pied de nez à l'environnement.
Je reste à ma place vis à vis de la nature,
pour autant je ne suis pas décidé à me laisser
abattre facilement. Vos mails sont TOP
et me regonflent comme si je courrais devant
vous lors d'une finale de championnat
du monde.

11 Avril 2006
3ème étape - 38 Km
Chaque jour est pire! Hier un gars au 18 MDS
a rejoint le groupe des 67 coureurs ayant
abandonné. Aujourd'hui c'est encore pire
avec une évacuation en France et un coma.
Il semblerait que nous ayons droit au pire
MDS de l'histoire. 42°, 3 montées à 20%
dans le sable, et toujours ce vent
qui nous sèche sur place. Au CP3 je suis
si déshydraté que je ne peux plus ouvrir
la bouche et mon ventre n'accepte même
plus l'eau. Beaucoup de moments bas pour
très peu de hauts, aussi je me sors les tripes
en pensant aux photos de Delphine et des
enfants, à tous vos mails et à vos visages.
Jamais je ne me suis senti "si rien sur terre
face aux éléments". J'ai les pieds en sang, les
épaules démolies mais je tiens. Je finis même en
courant les 6 derniers km pour mes enfants
et pour être digne du p... de mental de
mon père. A 3 km de l'arrivée un enfant
en plein désert me sort de l'eau de son puit
avec un bout de tissu. Elle est fraîche
et je l'embrasse. La fraternité ici n'est pas
un vain mot. J'ai même honte de n'avoir
que ma reconnaissance à lui offrir.
Demain sera encore pire avec 72 km ...!

10 Avril 2006
2ème étape - 35 Km
Journée scoumoune ! 2 scarabés le matin
(ça fait rire), puis départ à 9h alors qu'il
fait déjà 28°. Nous commençons directement
par une ascencion de 1km dans les pierres,
et alors que je vais pour boire au sommet,
je me rends compte que j'ai perdu une
bouteille de 1,5L. Mentalement et
physiquement c'est terrible de tenir
avec 3/4L pour 12km jusqu'au CP1.
J'arrive totalement déshydraté au CP
où je m'arrête 18mn. Je repars en courant
et en gérant jusqu'au CP2. Le vent se lève,
il fait 42° et 15° d'hygrométrie. Le temps de
prendre mon eau, le vent se transforme
en tempête. Je réussis alors l'un de mes plus
beaux exploits sportifs en marchant à 5km/h
face à la tempête durant 2h40.
Eprouvant comme jamais. La visibilité
est d'à peine 10 mètres et j'étouffe avec
mon buff,
mon masque et ma saharienne.
A mon arrivée, la seule tente couchée du
camp est la mienne. C'est incroyable
comme journée. De l'avis des anciens
comme de P.Bauer (Directeur de Course),
jamais cela n'a été si extrême. Pour en finir
avec cette journée mal commencée,
j'apprends avant de me coucher que j'ai
écopé d'un avertissement concernant
le positionnement de mon dossard sur la
poitrine. Une journée à vite terminer, car
demain sera forcément meilleur.
Merci pour vos mails ! "Oui" a Maurice.

9 Avril 2006
1ère étape - 28 Km
Ca y est c'est le grand jour. 28° au lever
et 43° à 12h ! L'étape de 28 km est terrible.
J'arrive à la limite, des étoiles dans les yeux.
C'est véritablement incroyable de difficulté.
Je cuis aussi je m'arrose sans cesse.
Nous essuyons une nouvelle tempête à 12h.
Je pense à vous tous pour supporter et
passer les épreuves une à une. Alors
comment s'est passé le marathon de Paris ???

8 Avril 2006
Une éternité que d'attendre pour toutes
les formalités. Il fait 45° et surtout nous
essuyons une tempête de sable toute
la journée que les anciens nous disent
n'avoir jamais connue.

7 Avril 2006
Vendredi : Départ avec 1h40 de retard.
Nous attérissons à Ouarzazate.
Il fait 32°, cela nous met dans la bain.
Nous embarquons dans des autocars
pour 220 kilomètres au milieu de nulle part,
où la civilisation semble avoir oublié
de passer. C'est certainement ce qui rend
les lieux si beaux. A 10 km du camp,
nous descendons pour monter dans des
camions de l'armée. Je me retrouve tente 34
avec uniquement des "bleus" comme moi.

6 Avril 2006
Ca y est c'est le dernier jour en métropole!
Comme je le disais hier je suis serein,
je me fais même un malin plaisir
à finir ma valise au dernier moment histoire
de me prouver que je suis réellement
serein. Je m'octroie une après-midi
jardinage pour faire le vide et
commencer à m'immerger dans ce qui
constitue mon bonheur : la nature.
Et durant mon jardinage j'ai eu
tout loisir de commencer à faire
tourner ma petite tête pour réfléchir
à tout et à rien en particulier. C'est
ainsi que parmi tous les sujets
qui me sont venus à la tête,
j'ai réussi à me montrer objectif.
Objectif face à ma peur!
Oui en fait je viens de comprendre
que j'ai peur de décevoir. De
me décevoir en premier lieu, et
de décevoir ma famille, mes amis
et mes sponsors, car je sais
(encore plus avec tous les mails
et coups de fil du jour qui me
pincent à chaque fois) que
vous êtes nombreux à croire en moi.
J'ai peur que vous comme moi,
ne croyons un instant que parce
que j'ai "survécu" à la Diagonale des Fous
j'arrive forcément à relever ce défi là,
alors qu'il est totalement différent en
dehors du fait qu'il s'agisse d'un ultra-raid.
Aussi j'ai décidé non pas de me
faire monter la pression, mais
de me servir de ce soutien que
j'emmène au fond mon coeur
et dont je saurai me servir
pour me surpasser dans les
moments difficiles. Alors du fond
du coeur : merci de croire en moi,
je ne l'oublierai jamais !

Pour info la composition de mon sac

et la composition de tous mes repas

5 Avril 2006
Ca y est mon sac est totalement
finalisé. Je le connais par coeur et je
m'entraîne à retrouver tout et n'importe
quoi dedans en moins de 2. Ce qui est
formidable alors que je ne suis même
pas encore parti, c'est la notion
forte de communauté qui existe entre
les coureurs omnubilés par la réussite
de leur défi mais pas par la course
en tant que telle, même si sur les 2
dernières étapes les réflexes de
compétiteur devraient ressurgir pour
certains. J'ai des liens avec des coureurs
de toute la France alors que nous ne
nous connaissions pas il y a quelques
mois. J'ai également des contacts avec
des anciens du MDS qui facilitent la
tâche des "bleus" comme moi en nous
rassurant, nous expliquant et en nous
donnant des tuyaux. Il sait que, bien que
nous ne nous connaissions pas de visu,
il sera aux côtés de tous mes amis
dans un coin de ma tête durant cette
épreuve, c'est Sydney de Marseille
(c'est beau la fraternité avec un Stéphanois
non ?). Il a répondu à toutes mes questions
durant ces derniers mois, bien qu'elles
aient été nombreuses et précises.
Ses réponses le furent tout autant,
si ce n'est plus, et je sais que si je vois
la ligne d'arrivée, nous l'aurons passée à 2.
MERCI Sydney!
A part ça il m'est de plus en plus difficile
d'attendre. J'ai envie d'en découdre.
Je veux savoir si je vais être à la hauteur
du défi. Je suis mentalement serein, et
pourtant il ne sert à rien de jouer les durs.
Oui depuis 3 ou 4 jours, je goûte à des
changements gastriques, dignes d'une
veille d'un premier marathon ... Je n'ai
aucun problème rassurez-vous, j'ai
simplement accepté d'être comme tout
le monde et en tout cas d'oser dire :
"NON je n'ai pas peur et c'est vrai,
OUI je suis serein car je sais que j'ai mis
toutes les chances de mon côté durant
ma préparation, ... et OUI je suis travaillé
et stressé par cette épreuve sans quoi
je n'aurai pas cette réaction physiologique !".

4 Avril 2006
L'ambitieux aura eu raison du peureux !
Il fallait faire des choix, j'ai fait ceux qui
me semblaient limiter les risques (mais
malheureusement pas éviter tout risque)
tout en me permettant de vivre idéalement
cette aventure. Et vivre idéalement
cette aventure c'est accepter un confort
minimal, une sécurité au plus juste, et
une alimentation sans aléa possible.
Alors voilà mon sac est définitif. Il fait
9,1 kg + 360 g de fusée de détresse
fournie par l'organisation + 2 kg d'eau
dans les cas les plus difficiles.
Je suis vraiment ravi car moins de 11,5 kg
en charge totale me semble être bon
signe pour éviter blessures et fatigue
excessive. Je n'ai bizarrement jamais prévu
de manger si peu de ma vie (sans même
parler de l'effort à fournir chaque jour
dans des conditions extrêmes), et
je crois malgré tout enfin en mes calculs.

3 Avril 2006
Pas une once de sport aujourd'hui
et pourtant je n'ai jamais autant couru
dans le sable de ma vie ! Oui cela en
devient limite supportable quand je
repense à quel point n'importe quel
évènement, mot, objet, ... me
ramène inéluctablement au MDS.
Je ne ressens pas le moindre souçon
de stress (ce n'est d'ailleurs pas normal ?
ou alors c'est plutôt, ce que j'espère,
que j'ai tiré suffisamment d'enseignements
de mes précédentes aventures pour
gérer cette attente avec sérénité).
Aujourd'hui j'ai gagné sur le papier
encore 300 grammes ce qui est énorme !
Demain je prendrai une décision définitive
sur mon sac pour savoir qui de l'ambitieux
ou du prudent qui sommeille en moi
a raison. Je saurai ainsi s'il est bien
raisonnable de diminuer encore mes
rations quotidiennes pour m'éviter
un effort de portage.

2 Avril 2006
Evidemment mon programme d'hier
était un poisson d'avril ! En fait
je n'ai eu le temps, le courage,
et le souhait de ne faire que la 1/2 h
de vélo. Je goûte pour la première
fois aux joies de la raison, et je sais
que je dois faire du jus, alors je ne
me laisse pas griser par mes envies.
En revanche aujourd'hui j'ai bel et bien
fait 42,195 km, mais à vélo pour
accompagner ma femme qui a réussi
son premier marathon. Finalement un
bon entraînement pour moi, un bon
moyen de la rassurer et la coacher,
et une belle occasion de vivre le
marathon autrement qu'avec un
métronome et un chrono au poignet.
Qu'il est bon de goûter à la joie de
tous ces coureurs, car le plaisir n'est
pas dans le chrono mais bien dans
la capacité que chacun a à se dépasser.
Tiens ne serait-ce pas ce que je vais
chercher dans quelques jours ???

1er Avril 2006
Je rentre de courir un marathon avec
un sac à dos chargé de 12 kilos. Je ne
suis pas mécontent des 2h58 que je viens
de mettre. Pour un entraînement c'est
plutôt pas mal. Je me sens en super
forme, d'ailleurs j'ai fait une petite
1/2 de vélo en plus après.

31Mars 2006
Moins d'une semaine ! Jamais je n'ai été
si près du sable. Je sens bien que tout
m'emmène sur un moindre songe dans
le désert. Sur le forum, tous les nouveaux
comme moi semblent heureux d'en
découdre enfin bientôt et s'attendent
tous à faire le plein d'émotions.
Physiquement en revanche je suis
fatigué, et une simple journée de travail
m'aura anéanti. En fait je crois que je suis
mentalement fatigué. Fatigué en fait
de vivre à longueur de journée à réfléchir
si j'ai fait les bons choix ...

30 Mars 2006
Petite séance d'entrainement tranquille
d'une heure avec les copains (et copines)
du club. Cela ressemble plus pour moi
à une séance de dérrouillage qu'à un
entraînement, en revanche mentalement
cela me fait un bien fou de m'évader
avec le groupe et d'oublier ce MDS
qui m'omnubile. En plus je trouve génial
en plus de conseiller, d'observer tout
le groupe qui a lui les yeux rivés sur
les marathons de Cheverny et Paris.
Pour une fois que je ne suis pas dans
le trip ... Sinon, mon sac est passé
à 9,7 Kg sans l'eau. J'ai en effet
"gagné" ces 100 grammes en changeant
de couteau et en vidant toute ma
crème solaire dans un sac congel
pour économiser 25 grammes ...
Quel jeu que la constitution du sac !

29 Mars 2006
Je suis en phase de capitalisation,
alors ça me fait bizarre de passer du
temps à m'occuper de moi. Ce soir
fut donc peinard avec 1/2 heure de vélo
suivie de 2h d'électro-simulation en mode
capillarisation et récupération.
A vrai dire je suis surtout pré-occupé
par le poids de mon sac. Je pense que
je vais finir par accepter le risque
alimentaire et à diminuer mes rations.
Par ailleurs à force de chercher, il me
reste quelques pistes du style "vider
toute ma crème solaire dans un sac
congel" pour gagner 20 à 25 grammes
sur l'emballage. Mais il ne m'en reste
plus beaucoup. Le seul "poids lourd"
que je me refuse à faire sauter, c'est
mon appareil photo, car je n'imagine
pas vivre une telle aventure sans vous
en ramener du concret. Alors tant pis
cela m'allourdira de 357 grammes ...

28 Mars 2006
Petite sortie en endurance vraiment
tranquille pour ce soir. En revanche
je passe ma soirée comme une nana
qui ne comprend pas pourquoi elle
fait ce poids là et comment elle
pourrait faire pour en perdre là, là
et là ... 10 Kg Ahhhh, puis 9,9 Kg
2 heures plus tard et enfin 9,8 Kg
1 heure encore plus tard !
Je voulais un sac proche des 9 Kg
et je vais devoir faire avec un sac
de 10 Kg sans eau, soit 11,5 à 12 Kg
sur le dos. Ma seule chance, tout du
moins j'essaye d'y croire, c'est que
comme j'ai emmené beaucoup de
bouffe mon sac devrait s'alléger plus
vite que celui de mes collègues au fil
des jours. Du coup, j'ai chassé tous
les grammes superflus: emballage,
sac de protection pour le sac de
couchage, crème après solaire, bidons
et porte-bidons, ... tout à sauté !

27 Mars 2006
Aujourd'hui c'est repos et ça tombe
bien car je suis complètement HS !
Je n'arrive pas à être suffisamment
objectif pour déterminer si je suis
allé trop loin dans l'entraînement,
si je suis inconsiemment stressé
à l'approche du départ, ou si c'est
tout simplement normal après le plan
que j'ai suivi et que la phase de
récupération est là pour ça.
Je suis tellement las d'être dans cet
état que j'abandonne la finalisation
de mon sac à dos. Tant pis je saurai
demain combien il pèse vraiment ...

26 Mars 2006
J'ai un mal fou à me lever. Je suis
tellement KO que ma sortie de 3 heures
prévue à 7h du mat, se transforme en
45 malheureuses minutes de travail
de côte sur mon tapis de course
après m'êtré péniblement levé à 9h.
Heureusement que j'ai mentalement
progressé car je le prends très bien
alors qu'il y a un an de cela seulement
je m'en serai voulu à mort et je me serai
forcé. En fait ce n'est plus maintenant
que je vais accroître mes capacités,
en revanche si je me fatigue à partir
de maintenant je le payerai
inmanquablement lors du MDS, alors
désormais je vais tout faire pour
récupérer et cumuler du sommeil.
Sinon j'ai commencé mon sac à dos,
et je joue à je mets puis j'enlève...

25 Mars 2006
2h30 d'endurance avec 12kg sur le dos
à courir dans la boue et l'herbe histoire
de me rendre la sortie la plus pénible
possible, et tout va bien. Je me suis
rajouté une petite demi-heure de
travail de côtes sur tapis et ma journée
est complète. Tout va bien.
Au niveau poids je suis plutôt satisfait.
J'oscille entre 68,5 et 69kg, ce qui veut
dire que j'ai réussi à ne pas perdre
de poids. C'est plutôt bon signe car
sur le MDS avec la chaleur cumulée
aux efforts longs, on a tendance à
pas mal éliminer ...

24 Mars 2006
Aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma
femme, alors pas question d'aller faire
le zouave toute la soirée dehors. Je sais
également que mon corps a besoin de
se ressourcer avant d'entamer ma dernière
double séance longue durée du week-end,
même si ma tête et mon corps réclament
tel un chien domestique leur sortie du soir.
Je décide donc de concilier tous ces
impératifs en m'octryant une petite
séance vélo d'intérieur de 1 heure, tout
en regardant le DVD officiel du MDS 2005,
histoire de déceler peut-être de nouveaux
détails qui m'auraient échappé ...

23 Mars 2006
Après une denière longue journée sur
la route, je suis enfin de retour chez moi.
Immense plaisir de retrouver les miens
après 5 jours de déplacement, mais aussi
immense plaisir que de retrouver mes amis
et mon terrain d'entraînement. J'arrive chez
moi affamé et très fatigué aussi je décide de
manger rapidement 2 barres de céréales au
chocolat, beaucoup de taboulet, du pain frais
et une part de pizza. Si mon estomac se sent
mieux je n'en reste pas moins fatigué aussi
je décide de me coucher 10 minutes pour
me ressourcer. Heureusement depuis ma
préparation pour la Réunion en 2005, je suis
passé maître en la matière. Cela a fonctionné
comme prévu pour ma récup et j'enchaîne
derrière 1h35 d'entraînement intense dont
1h de fractionné sévère au milieu.
Ah qu'il est bon de retrouver ces sensations
de bien être après un effort violent que
l'on a parfaitement géré ...

22 Mars 2006
Je commence à vraiment ressentir
le cumul de fatigue que je m'impose
à l'occasion de mes déplacements, aussi
ce soir une petite heure d'endurance suffit
à m'achever. Changement de programme
donc pour ne pas aggraver mon cas.
Heureusement mon ami l'électrosimulateur
est dans ma valise, je complète donc
cette courte séance par 2 heures
de travail spécifique.

21 Mars 2006
Minuit largement passé je commence à
être extrêmement fatigué et j'ai les plus
grandes difficultés à être totalement lucide
dans mon travail. Il faut donc que je dorme,
mais finalement je préfère me faire violence
pour aller courir. D'abord parce que cela
me manque et me fait habituellement du bien,
mais aussi parce que je me trouve à Toulon
et qu'il serait dommage de ne pas en profiter
pour aller courir dans le sable. Bien sûr
le réceptionniste comme les noctambules
se demandent bien qui est ce fou qui coure
à cette heure ci et avec des chaussures
pareilles (avec mes guêtes cousues).
Toujours est-il que ces dernières sont efficaces
dans le sable ce qui me rassure, et après 1h
de jogging me voilà parfaitement détendu
pour entamer une courte mais réparatrice nuit.

20 Mars 2006
Après avoir roulé toute la nuit pour un
déplacement professionnel dans la nuit du
dimanche au lundi, je termine ma journée
à 23 heures, aussi cela tombe franchement
bien qu'aujourd'hui cela soit repos. Cela
étant, je ne me cache pas la vérité, il va
falloir rapidement que j'arrête de "jouer" et
tirer sur la corde pour prendre le temps
de dormir, car durant les 3 semaines
qu'il me reste je dois en profiter pour
me reconstituer, soigner tout ce qui peut
l'être, faire le plein de sommeil et
m'engraisser un petit peu.

19 Mars 2006
Une agréable journée qui m'aura permis
de concilier beaucoup de plaisirs : un 10 km
couru au taquet, suivi d'une course avec
ma fille, un semi-marathon avec ma femme
et une course avec mon fils. Au final
en plus de mettre amusé j'ai parcouru
35 km dans ma journée dont 21 avec
un sac à dos de 12 kg sur le dos.

18 Mars 2006
Aujourd'hui ça peut paraître ridicule,
mais mon entraînement consiste en de la
marche uniquement. Pour 2 raisons :
la première c'est que la marche est une
forme d'exercice qui évite les traumatismes
provoqués par la course; la seconde
parce que demain je coure les Foulées
Vendômoises, et si cette course n'a aucun
intérêt particulier dans ma préparation, je ne
souhaite pas participer et ne pas donner le
meilleur de moi même.

17 Mars 2006
Ce soir l'entraînement s'est transformé en
coup de calgon. Au moment où je devais sortir
après avoir dîner, je me suis lamentablement
écroulé dans canapé, payant cash ma vie
excessive et le manque de sommeil que
cette attitude m'impose.

16 Mars 2006
Ce soir, le fractionné, même s'il n'est pas
extrême en raison de mes courses du week-end
à venir, me fait un bien fou. Mentalement,
même si je n'en doutais pas, je me suis
réconforté en vérifiant que tout allait bien,
et physiquement, car 2 jours sans sport
cela relève de ... l'extrême pour moi !
Sinon chaque jour qui passe me rend
encore plus impatient. Je n'ai aucune
assurance quant à mes capacités de
relever le défi, mais maintenant que je me
suis lourdement investi dans ce projet,
j'ai besoin de savoir ...

15 Mars 2006
Repos forcé ce jour. Pas programmé
malheureusement, mais après une deuxième
journée professionnelle longue, je n'ai ni la
volonté, ni le physique pour aller me dépenser.
A mon arrivée chez moi, j'ai les pieds si enflés
et douloueurx après 15 h de boulot que j'ai
le sentiment d'avoir mis les chaussettes de mon
fils de 9 ans. Sinon j'ai appris que Paul Le Guen,
le célèbre entraîneur de foot, serait des nôtres.
Je trouve cela amusant, mais je ne me fais
pas d'idée sur le fait de pouvoir le rencontrer.
Tout d'abord parce que le pauvre sera
vraisemblablement assailli, ensuite parce que
je ne supporte pas les débiles mentaux
qui se collent aux pattes d'une personne
sous prétexte qu'elle soit connue.
Pour en terminer avec les "people" du MDS
2006, je me rends compte avec joie de mon
ignorance et de ma répulsion vis à vis des
prétendues stars. Alors nous serons
accompagnés de stars cinématographiques,
télévisuelles et de la mode, dont je ne connais
même pas le nom, les films ou émissions.
Sincèremeent je m'en moque comme jamais.
Je dirai même que cela me rend encore plus
heureux d'être un "bouzeux". Pour en revenir
a des choses bien plus intéressantes, je crains
désormais comme la peste la fatigue, et je sais
que je dois absolument me ressourcer d'ici
à dimanche, car je participerai à 2 courses
d'affilée (10 et 21,1km), mais surtout parce
qu'à 3 semaines du but, je dois désormais
capitaliser du sommeil et de la récupération,
ce qui n'est ni mon fort, ni naturel pour moi.

14 Mars 2006
Aujourd'hui c'est repos, comme ne l'indique
pas la journée de 13 heures de boulot que
je viens de passer et qui fait suite à un
déplacement nocture de 6 heures ...
De toute manière si je veux résister, pas
question de faire cas d'un si petit effort.
Physiquement en revanche c'est une autre
histoire pour mes mollets. Les pics s'enchaînent
au cours de la journée. Incontestablement
un signe que mes quadriceps et ischiojambiers
sont prêts, mais que mes mollets manquent
de fond ou de capacité de récupération.
Il me reste un mois pour résoudre le problème,
et cette nuit c'est récupération active avec
mon électro-simulateur.

13 Mars 2006
La fatigue se fait sentir au réveil, et j'ai
désormais le marquage parfait de mon lourd
sac à dos sur le corps. "Peu importe, il va falloir
que ça passe". Et si la nature est merveilleuse,
le corps humain tout aussi bien fait. Non non,
je ne parle pas de la plastique, même si je n'ai pas
l'oeil qui se brûle à regarder de jolies femmes
(mais oui chérie tu en fais partie ...), mais de sa
capacité d'adaptation que bien peu de monde
connaît. Ma tête a accepté et oublié ces douleurs,
mes muscles après 10 minutes de course à peine
sont comme si je n'avais rien fait auparavant.
Au programme toujours lyophilisé et sport à
outrance : 5h30 seulement en raison d'un
déplacement professionnel, mais tout va bien.
Je poursuis également mes tests unitaires.
Aujourd'hui faire du feu pour chauffer ma
gamelle d'eau. Pas si simple que ça par
grand vent comme aujourd'hui, il m'aura
fallu 30 minutes à me geler par 0° dehors
pour réussir. Je fais au passage 2 découvertes.
La première c'est le côté hygiénique à prendre
en compte, avec tout ce qui vole à ras le sol
pour terminer dans pile poil dans ma gamelle
et avec le feu qui brûle la casserole. Deuxième
enseignement, j'ai beaucoup trop fait chauffer
mon eau sans m'en rendre compte sur les braises,
et lorsque j'ai versé celle-ci dans ma bouteille
d'eau coupée en deux (pour m'éviter de porter
une assiette), celle-ci s'est rétractée vitesse
grand V, et j'ai bien eu peur qu'elle ne finisse
par fondre complètement en laissant filer
mon eau ...

12 Mars 2006
Au réveil, je sens bien que mon dos à vécu
hier quelque chose d'inhabituel ! J'ai les épaules
quelque peu endolories, mais j'ai surtout les
traces sur mon corps des zones de frottement
de mon sac à dos. Pas grave au bout d'une
heure de réveil corporel je suis d'attaque.
Et la journée s'avèrera bonne, puisque j'ai
pu tenir sans fatigue ni douleur, 8 heures
de sport aujourd'hui avec toujours
au programme de la course à pied avec
sac à dos de 10,5 kg, VTT, vélo d'intérieur
et électrosimulation intensive. D'un point
de vu alimentaire je ne suis pas en manque,
même si le lyophilisé a changé mes repères
gastriques. Enfin, j'en ai profité pour dormir
une petite heure dehors par 3° pour tester
l'efficacité de mes vêtements et de mon
sac de couchage. Là encore, heureuse
surprise, je suis particulièrement bien
protégé et je dors très bien malgré
le vent glacial qui sévit.

11 Mars 2006
Comme prévu, c'est un week-end important
pour mes tests, alors pas question de reporter
ou modifier le programme : du sport, du sport
et du sport ! La journée pourtant mal partie
avec des crampes, certainement liées à mes
petits pépins des jours précédents, s'est
finalement avérée réussie. 7 heures de sports
avec au programme : course avec sac à dos
de 10,5 kg, natation, marche active et
électrosimulation intensive. J'en profite pour
tester du matin jusqu'au soir, sans la moindre
exception, tous les produits lyophilisés que
j'emmènerai d'ici un mois. Le départ est
très dur pour moi car mon corps doit
s'habituer, mais c'est encore un pire défi
pour ma tête. Mais à ma grande surprise
le soir je suis en pleine forme, sans fringale,
et sans aucune douleur.

10 Mars 2006
La gastro est tenace et il n'est pas question
d'envisager un quelconque effort, même léger,
aujourd'hui. Alors je me surprends à philosopher
et à me dire que c'est peut-être une chance
pour moi de donner à mon corps l'occasion
de se ressourcer, même si les contractions
qui m'occupent la journée ne me font pas
penser à une journée de repos.
Demain sera un jour meilleur j'en suis sûr !
Trop malade pour envisager de prendre
le volant pour partir en stage comme prévu
dans les Alpes, je me suis décidé à rester
en Loir et Cher tout en organisant mon
fameux séjour test de 3 jours avec au
minimum 8h de sport par jour et alimentation
totalement lyophilisée pour savoir si
je résiste. Je vous dirai ça bientôt ...

9 Mars 2006
Je suis cloué ! Les contractions abdominales
se font de plus en plus violentes, et traverser
la maison est déjà un effort, alors vous
imaginer courir ...

08 Mars 2006
Mauvaise nuit, ce qui est rare pour moi,
problème pour m'alimenter, ce qui est encore
plus rare pour moi, enfin contractions
abdominales et faiblesse générale sont le
résumé de ma journée à vite oublier.
J'ai vraisemblablement attrapé un virus,
et je me rassure en me disant qu'il vaut mieux
l'attraper maintenant que plus tard, même si
ce n'est jamais le bon moment !

07 Mars 2006
Ca y est : M-1 !!! Un courrier de l'organisation
m'indiquant que je recevrai prochainement
mon heure d'embarquement pour la course,
et ça y est me voilà plus que jamais près
à partir. En plus ce soir, c'est ma séance
habillage avec définition de tous les flocages
sur mes tenues et sac à dos. Ce matin
c'est le cordonnier qui a reçu mes chaussures
de course (après avoir longuement tergiversé
sur le modèle) pour y coudre dessus un scratch
me permettant de poser mes guêtres sur
l'intégralité de ma chaussure. Car le sable
tout cas la chaleur, fait partie des "ennemis"
de cette course, et la moindre petite ouverture
serait immédiatement submergée par le sable
si fin du désert. Le résultat ? Des pieds
grattés au papier de verre ... Mon inquiétude
concernant mon alimentation n'est toujours pas
levée et je pense même que malgré le dernier
test de 3 jours que j'envisage ce prochain
week-end ne réussira pas à m'ôter tous mes
doutes, quant à la quantité suffisante
pour relever un tel défi. Le compromis
"poids / Nb de Kcal" est difficile à déterminer,
mais c'est le lot de tous les coureurs ...

Photos de course

Photos d'entraînement

29 Octobre 2005
Le rêve, le projet, la course, les vacances, …
se terminent. Toutes les bonnes choses
ont une fin. Dernier rappel de cette course :
mes jambes. Alors que je me sentais
parfaitement bien lorsque j'ai embarqué,
j'ai, à peine le décollage entamé, les jambes
qui deviennent de plus en plus lourdes.
Bah c'est un moindre mal, et de toute
manière je me suis promis que plus jamais
je ne me dirai que je n'arrive pas à
supporter quelque chose, alors je
commence par une première petite mise
en pratique.

28 Octobre 2005
Je plane en repensant à ma course.
Ca y est je la revit enfin. En décalé
comme jamais, mais l'essentiel est bien
que je la revive. Que du bonheur !
J'ai peur d'oublier des éléments de ce
qui m'a aidé à me surpasser. Alors
j'essaye de noter. De toute manière
ce que je n'ai pas noté, me reviendra
le moment venu sans savoir comment.
Dernier jour à la Réunion alors j'en profite
pour allier mon amour de la nature à mon
goût de la découverte pour faire de la
plongée sous-marine. J'ai un poil mal
aux mollets en palmant trop longtemps,
mais les coraux et les milliers de poissons
de toutes les couleurs me font vite oublier
ce petit désagrément. Je sens même que
ma sérénité et ma capacité pulmonaire
me facilitent la tâche par rapport à d'autres
plongeurs. Quel bonheur. Merci dame nature.
J'imagine que c'est ma coupe pour me
récompenser d'avoir été assez fou...

27 Octobre 2005
Je vais physiquement de mieux en mieux.
Ma tête a même envie de reparler à mon
corps, et de dire merci à mes genoux pour
avoir tenu, merci à mes jambes pour m'avoir
fait réaliser mon rêve de devenir celles de
mon père handicapé physique, merci à ma
cheville gauche partie endolorie et revenue
traumatisée par une sévère entorse, merci
à mon coude, qui malgré la douleur et l'énorme
bleu qui subsiste 6 jours après a tenu, merci
à mon épaule droite blessée dans la chute
d'avoir supporté mon sac à dos une
moitié de course, … Merci surtout à ma
tête d'avoir su être avant tout objective
pour toujours aller chercher plus loin
et toujours motiver chacune des parties
de mon corps à continuer l'effort
jusqu'à la récompense. Merci enfin à
ma femme et à mes enfants d'avoir
été un carburant comme il n'en existe
aucun autre pour moi.

26 Octobre 2005
Ca y est mentalement je l'ai digéré. J'ai
même tiré ma première leçon de cette
course : plus jamais je ne dirai que je suis
à bout, et que je ne peux pas faire plus,
même si je pense qu'il n'était déjà pas facile
de me faire sortir ces mots avant. Bien
sûr je pense au sport, mais je pense aussi
à la maladie (moi qui suis un très mauvais
malade), au boulot, à la compréhension
des autres, ... Si je savais que la qualité,
la précision, et l'exhausitivité de la
préparation étaient déterminants, je sais
aussi que l'on peut toujours demander plus
à sa tête et à son corps à la condition de
le faire progressivement et surtout pas
brusquement. Un peu comme un élastique.
Si on tire doucement longtemps on l'étire,
alors que si on le tire trop fort d'un coup,
il casse. Ce matin, je me suis levé à 5h30
pour retourner au col du Maïdo, afin d'y voir
une dernière fois, mais cette fois ci en famille,
la descente de Kerveguen, le cirque de Cilaos,
le Piton des Neiges, et le cirque de Mafate.
C'est tout simplement à couper le souffle
(d'ailleurs à plus de 2200 m d'altitude...).
Comme je le disais, mentalement je vais
mieux. J'arrive donc à contenir mes émotions
en regardant tous ces lieux vertigineux que
j'ai traversé il y a quelques jours, malgré tout
je sens bien que j'ai l'estomac noué. Sinon,
mes jambes commencent enfin à dégonfler
(ma femme me fait rire en me disant que depuis
cette course j'ai les chevilles qui enflent...),
même si elles sont encore loin de leur état
habituel. Enfin, physiquement je sens que j'ai
vraiment tapé dans mes réserves, car marcher
1 heure, ou attendre 15 minutes mon repas,
et je commence à avoir la tête qui tourne.
Ce n'est pas le plus inquiétant, car je n'ai
désormais plus qu'à manger beaucoup pour
récupérer, et pour moi ce n'est pas le plus dur.

25 Octobre 2005
Physiquement j'ai toujours mes jambes
de grand-mère, mais mentalement ça va
nettement mieux. Je n'ai toujours pas
particulièrement envie de parler de la course
et certains moments me tirent à nouveau
les larmes de façon éphémère. En revanche
cette diagonale des fous est désormais pour
moi un bon souvenir (je progresse). J'ai
chassé (mais pas oublié) de ma mémoire
des scènes difficiles pour en faire des
faits de course, sans plus. J'ai également
mis en valeur tous les bons moments, et
tout ce que m'a révélé sur moi cette épreuve.
A tel point que j'ai déjà presque envie de
revenir un jour la faire, car désormais je
connais le terrain, je sais que je suis capable
de supporter un tel effort, et en même
ça me fait flipper de ne pas savoir si je serai
capable d'avoir la même rage pour terminer.
Et c'est précisément cela qui me motive :
dépasser son stress, son physique, son
mental ... ce que l'on croit être nos limites.
Sinon comme promis, j'aime trop la nature
pour ne pas prendre le temps de faire des
photos des paysages fabuleux que j'ai
traversé durant ma course, je vous en mettrai
donc en ligne sur mon site dès mon retour
en métropole (j'en ai même de ma bibine à
plusieurs moments de la course pour voir
comment j'ai évolué au fil des heures...).
En attendant en voici quelques unes qui je
pense résument plutôt bien cette aventure.

       

       

24 Octobre 2005
Bien évidemment aucune comparaison
possible, mais aujourd'hui je me sens un peu
comme un prisonnier de guerre de retour chez
lui : je n'ai aucune, mais alors aucune envie
de parler de cette diagonale des fous ?!?!
Je n'arrive pas enlever certains moments
de cette course de ma tête, et tant que
je n'aurai pas suffisamment de recul et de
repos je n'ai vraiment pas envie d'aborder
le sujet. Bien sûr, cette diagonale ne m'a
pas apporté que des instants pénibles, bien
au contraire, mais j'ai envie d'en chasser
certains. Une chose est sûre, MON objectif
est atteint (finir), mais je crois en avoir
atteint plein d'autres, notamment celui
de visiter des endroits de l'île que bien
peu de monde connaît. Ca il faut l'avouer
pour le "bouzeux" que je suis, c'est
réellement incroyable ce contact avec
la nature dans ce qu'elle de plus beau
et de plus hostile. Biologiquement, j'ai
encore à récupérer, mais cela commence
à aller mieux, en revanche mes chevilles
sont larges comme mes genoux, mes
mollets et mes genoux larges comme mes
cuisses. J'ai l'impression qu'ils vont exploser
sous la pression. On dirait une personne
âgée avec des doigts de pieds de bébé
(tout rond) ...

23 Octobre 2005
J'ai survécu, j'ai survécu, j'ai survécu ...
Non je ne motive pas. J'ai simplement ce
mot qui me revient sans cesse, et plus je
réfléchis plus je me dis que ce que je croyais
être un slogan commercial pour cette course,
est en fait le mot le plus approprié pour décrire
celle-ci. D'ailleurs décrire est impossible.
Je pense que pas un texte, pas une photo,
pas un film ne sera capable de retranscrire
ce que nous venons de vivre. Quand je pense
à l'une de mes chutes (provoquée par un
autre coureur en plus) où je suis tombé en
arrière dans un torrent après 23 heures de
course qui a failli m'être fatale, mon estomac se
noue. Il était 1 heure du matin, j'ai fini la tête
sur un rocher, le coude sur un autre, et
totalement immergé dans l'eau glacée.
J'aurai pu être blessé plus gravement, mais
j'aurai surtout pu y laisser ma peau soit
par le choc (mon camelback m'a sauvé en
limitant l'impact sur la pierre), soit par le froid.
J'ai couru 1 heure totalement frigorifié avec
les 3° ambiants, et lorsque je suis passé voir
le médecin pour mon coude et mon épaule,
j'ai du dormir nu par 3° toujours dans ma
couverture de survie. Elle m'a pris mon dossard
en m'expliquant qu'avec ma blessure et mes
vêtements détrempés il était impossible de ralier
l'arrivée et que je devais abandonner. Je reste
1 heure en claquant des dents, puis je me
décide à tenter le coup. Je négocie fermement
mon dossard et je repars dans mes vêtements
toujours aussi trempés. Peu de temps après,
agacé par cette situation et seul dans la
montagne (toujours en plein nuit) je me perds.
Il me faudra 20 minutes pour retourner sur mes
pas et retrouver mon chemin. Du coup, l
e
moindre SMS, le moindre coup de fil, le moindre
moment de solitude me fait pleurnicher.
Je m'agace tout seul mais rien à faire, je ne
peux retenir ces larmes. D'ailleurs les
lendemains de courses extrêmes sont
souvent difficiles, mais là c'est à la hauteur
du défi. J'ai dormi 11 heures cette nuit en
claquant des dents, avec une fièvre de
cheval, et en transpirant tellement que j'ai
détrempé le lit entier. La journée sera
à l'unisson avec passage de coups de froids
(par 29°) puis de chaleurs étouffantes.
J'en ai tellement marre de me voir dans
cet état, et d'avoir le derrière dans un lit,
un fauteuil ou un lit de bain, que je décide
de faire une petite marche. Mes mouvements
ne respirent pas la souplesse, mais au moins
pendant une heure je bouge donc je revis.
J'attends la nuit avec grande inquiétude, car
je ne me sens pas du tout prêt à en revivre
une identique. Je donnerai n'importe quoi
pour dormir 2 heures comme d'habitude, c'est
à dire dans un sommeil profond et réparateur.
Biologiquement je suis totalement déréglé.
Vraiment le physique dans une telle épreuve
c'est presque dérisoire.

22 Octobre 2005
J'ai survécu !!! Je comprends enfin le sens
de ce mot qui figure sur le maillot qui nous
est remis à l'arrivée. Si seulement j'avais pu
imaginer le 100éme de ce que j'allais vivre.
Je franchis la ligne en 37h14m. 37h14m sans
sommeil, à puiser au plus profond de moi, la
motivation qui me permettrait de faire un seul
pas de plus, un seul saut de plus, une seule
chute de plus, ... Je ne savais même pas
que mon corps et ma tête étaient capables
de ça. Je franchis cette ligne en pleurant
comme une Madeleine, avec ma femme et
mes enfants qui courent autour de moi, et des
centaines de têtes et de messages des gens
qui m'ont soutenu qui défilent. 140 km, 8500 m
de dénivelée positive, et autant négative, et
je n'ai pas une crampe. Physiquement j'étais
au point, tout le reste je ne pouvais l'imaginer.
Je sais maintenant ce que veut dire "une des
courses les plus dures au monde". Je suis si
fatigué que je ne sens plus mon entorse à la
cheville, plus mes bosses sur la tête, plus mon
coude et mon épaule bléssés, plus mes genoux
ratatinés par les impacts, plus mon dos qui manque
de peau par endroit, plus ma nuque endolorie
par des heures de tête baissée ... Les photos,
les bisous, une énorme envie de ne plus en
parler, et je m'assois par terre pour m'endormir
dans la seconde qui suit. Heureusement on me
réveille, je pars vite à la douche (froide), au
massage (je m'endors à nouveau sur la table),
puis je mange. Il m'est impossible de ne pas me
laisser submerger par mes émotions. Je comprends
à peine comment j'ai tenu. C'est pas grave
j'analyserai à tête reposée. Ultime effort pour
aller jusqu'à la voiture, où le temps de fermer
la portière je m'endors.

21 Octobre 2005
Même pas peur ! J'ai réussi comme prévu à
dormir dans la voiture durant 1 heure le temps
d'aller sur le lieu de départ. Sur le parking tout
le monde tourne dans tous les sens, chacun
a ses supporters qui l'exhorte à se dépasser.
Pourtant le stress ne vient pas, je réussi
même à dormir à la surprise générale 1/2h
de plus dans la voiture. Il est minuit, je décide
de me préparer. Je suis concentré, je ne sais
pas vraiment sur quoi, mais je suis concentré !
De voir les gens stressés autour de moi me
rend bizarrement calme pour ne pas tomber dans
leur mal. Derniers bisous à ma femme et mes
enfants, et j'y vais comme un grand. J'ai
l'impression de faire ma rentrée des classes
à la grande école ... Alors que j'avance
sereinement vers le poste de contrôle, un
coup de fil. C'est mon épouse qui m'indique
que j'ai oublié mes sacs intermédiaires dans
la voiture. Ouf, à une minute près j'étais
foutu. Malgré tout je reste serein (ou fou ?)
et plutôt que m'inquiéter je me dis que j'ai
de la chance. Je m'avance sur le terrain
jusqu'à la ligne de départ. Un dernier coucou
et je m'assois ... pour dormir malgré les
djumbés qui jouent à 5 mètres de moi,
les cracheurs de feu et autres animations.
2 heures du matin, le départ est donné. C'est
de la folie furieuse : tout le monde part comme
un 10.000 mètres. Je laisse filer en veillant
à ne pas chuter. Mon cardio qui fonctionne
toujours, ne fonctionne pas !? A ma plus
grande surprise, je reste calme, ne m'énerve
pas une demie-seconde bien que l'outil soit
vital pour moi. 5 minutes plus tard à peine,
avec la transpiration il refonctionne. Youpi.
"Tu vois que c'est ton jour" me dis-je. 2 petits
kilomètres de route et j'en profite sans me
fouler pour faire parler mon physique. Je
dépose sans forcer tous les zigotos partis
à fond. Mais bien vite, la diagonale, la vraie
commence. Une côte de folie. "Ludo,tu l'as
voulu, tu l'as eu, maintenant c'est à toi de
jouer". Pas le temps de chauffer, que c'est
la surchauffe. Et le pire reste à venir. La
montée au volcan, est apocalyptique. J'essaye
de me faire rire en me disant que je tourne dans
l'évadé d'Alcatraz ou dans un film sur la guerre
du Vietnam. Pour les initiés, je parcours 2,5 km
en 1 heure à 180 pulsations par minute. C'est
de la folie. A tel point qu'au 21ème km, j'envisage
d'abandonner :"je ne suis pas à la hauteur d'un
défi pareil". "Quoi pauvre loque, avec tout ce que
tu as fait pour ce défi, avec ta femme et tes
enfants qui t'attendent, et avec tous les gens
qui te soutiennent et te suivent, tu as intérêt
à te mettre minable si tu veux te regarder à
nouveau dans une glace". Et me voilà parti
pour l'expérience la plus éprouvante de mon
existence. Tout ce que je peux dire, c'est que
jusque là ce n'était rien.

20 Octobre 2005
J-1 !!! J'ai dormi comme il y a bien longtemps.
Je me réveille parfaitement reposé. Ca tombe bien
j'ai planifié pour ma journée le repos total !
Il est 8h30 et déjà la chaleur est bien présente.
Comme je n'imagine pas rester une journée complète
ni même une heure à ne rien faire, je décide
de faire une petite balade sur la plage. "C'est trop
beau et trop attirant pour que je ne me baigne".
Cela n'aura pas duré longtemps mais au moins
l'heure durant laquelle j'ai admiré ce lagon, nagé et
plongé au milieu des coraux et poissons de toutes
les couleurs, je n'ai pas pensé à cette diagonale
des fous. Car le reste de la journée, c'est de pire
en pire, ma tête ne pense qu'à ça et je me vois
sans cesse en train de courir. En plus tout ici
me rappelle mon défi : les journaux, la radio, la télé,
les gens … Au niveau alimentaire, cela fait plusieurs
jours que j'ai commencé mon stockage de sucres
lents, mais aujourd'hui je mange comme jamais.
Après avoir dormi sur la plage, je dors à nouveau
dans ma chambre. En fait je me repose physiquement,
car mentalement il n'y a rien à faire : je courre !
Impossible de penser à autre chose, d'autant plus
que plus j'écoute parler de cette diagonale, plus les
détails me donnent l'impression que c'est pire que
tout ce que j'ai pu imaginer. Même les favoris flippent !
Je consacre une partie de ma journée à soigner tous
mes petits bobos et je suis aux petits soins pour mon
corps. Retour aux prévisions : Patrick m'a prévu
un plan à 6 km/h, mais s'il a l'air confiant, moi j'ai
peur que ça ne soit trop rapide, car à l'étude des
statistiques, une trentaine de coureurs tout au plus
tiennent ce rythme, donc au moindre signe je lève
le pied. Malgré tout même si j'ai le bide qui serre
et la tête branchée en continu sur " radio Diagonale "
(une expression et non pas une station), je n'ai
bizarrement pas l'impression d'avoir peur. Mais j'attends,
ça bien finir par arriver. Tous mes potes, voisins,
collègues, … défilent à la vitesse de la lumière
dans ma tête, tel un dernier souvenir. Ca me fait
du bien de penser aux gens que j'aime. La mauvaise
nouvelle du jour, c'est qu'il est confirmé que le parcours
est rallongé et passe à 8500 mètres de dénivelée
positive suite à un changement de dernière minute !!!
Sblurg. Je lis, je relis, je re-relis le road book et les
consignes de Patrick. Au final 4 points du parcours se
détachent dans ma tête : Mare à Boue (50 km) où
je dois arriver tout frais, Cilaos (68 km) où je ne dois
pas avoir tapé dans les réserves, Mafate (90 km) le cirque
le plus terrible, celui qui fait peur à tout le monde,
où je dois passer coûte que coûte, et Deux bras (118 km),
où je dois résister pour arriver jusqu'à cette mythique
ligne d'arrivée au stade de La Redoute (141 km).
Ce soir je partirai à 22 heures pour arriver 2 heures
avant le départ (minuit en métropole) et essayer
de bien me positionner pour le départ. J'espère
arriver à dormir au moins une heure dans la voiture
pendant que Delphine conduit. Nous y voilà donc,
il s'agit là de mon dernier message d'avant défi, et
j'espère pouvoir vous annoncer une bonne nouvelle
à mon retour ... Si tout va bien Delphine enverra
des nouvelles via le forum.

19 Octobre 2005
J'ai enfin fini mes sacs en espérant avoir fait
les bons choix. Ce matin je fais le tour de l'île
en voiture avec un double objectif : savoir
combien de temps il faut pour aller d'où je loge
à Saint Philippe au sud de l'île où aura lieu le
départ, et passer le plus de temps possible
à penser à autre chose qu'à ma course.
Je foule la zone de départ, j'hume le parfum
de l'océan et de la végétation, je photographie
dans ma tête les premiers kilomètres et la
première ascension inoubliable lorsque l'on se
trouve au pied
. Je me projette dans ce lieu
pour l'imaginer dans la nuit et dans la fête. Plus
tard, je marche sur des coulées de lave. C'est
fabuleux, et pour le cul-terreux que je suis
c'est une nouvelle preuve que la nature reste
toujours maître face l'homme. Pour le coureur
que je suis en revanche, je prends cela pour
une tentative d'intimidation, et je suis plus
motivé que jamais pour relever le défi !
Cet après midi, c'est le retrait des dossards,
je regarde bien les centaines de personnes
autour de moi pour savoir si je suis anormal ou
pas car je suis d'une sérénité à peine croyable.
J'ai un peu peur d'être victime d'un excès de
confiance tellement je suis bien, aussi j'essaye
de me faire peur en observant la montagne qui
se dresse devant moi, mais ça ne change rien.
Je touche enfin au but, et en étant objectif
avec moi même, je peux dire "j'ai fait ce que je
devais pour mon niveau et mon objectif".
Maintenant c'est l'avenir qui nous le dira ...

18 Octobre 2005
Le "Zoreille" (métropolitain) que je suis a dormi
comme cela lui arrive rarement : 10 heures. Royal
pour la récup, en revanche j'ouvre la porte fenêtre
et ... changement de programme. Il est 9h30,
il fait un bon 28°, et si habituellement je trouve
cela merveilleux, là en 2 secondes je modifie mon
programme du jour : je vais vite aller trottiner
pour m'habituer à cette chaleur en courant
et ensuite ce sera direction la montagne pour
trouver du frais et mettre des images plus
vraies que jamais dans mon road-book.
Je rentre de 45 minutes de jogging de rêve
sur le sable et sous les cocotiers. Il fait 31°.
Vite la montagne ! Physiquement je ressens
toujours un petit peu ma hanche, mais tellement
moins qu'il y a 3-4 jours, que je sais que ça fera
l'affaire. En fait, j'avais prévu une acclimatation
physique et physiologique, mais en fait je dois aussi
m'acclimater psychologiquement, car il n'est pas
simple de voir des gens cools, heureux, dans un
décor de rêve, et d'oublier tout ça pour rester
concentré sur ma course. La montagne aujourd'hui
c'est le col du Maïdo. La route ressemble à une
partie de ping-pong : un coup d'un côté, et aussitôt
un coup de l'autre et ainsi de suite durant des dizaines
de kilomètres. J'ai rarement vu des routes si raides, si
tortueuses et si étroites. A chaque altitude sa végétation,
j'en profite justement pour repérer les types de plantes.
La végétation est d'une densité qui dépasse tout ce
que j'ai pu voir à ce jour. C'est très impressionnant.
Arrivé au col du Maïdo, je ne résiste pas à une
montée en courant en sautant sur des pierres et
des racines, et très vite je me rends compte que
j'ai attaqué un peu fort, car l'oxygène se fait déjà
plus rare. Je finis la soirée avec Patrick un Zoreille
qui habite ici depuis plus de 20 ans et qui a 6
diagonales derrière lui. Il me décrit en détail tout
le parcours avec ses pièges et les endroits où si
tout va bien je vais pouvoir " lâcher les chevaux ".
Il est formidable avec tous ces détails, et si je ne
suis clairement pas un local, j'en sais déjà beaucoup
plus qu'à mon arrivée sur la gestion de mon effort.
Je réalise une petite intervention en fin d'AG d'une
filiale du Groupe Monceau, et nous terminons sur
un petit cocktail sur le lagon. "Oh la la c'est cool
son soit disant raid...". En fait je suis réellement
ravi de cette soirée car désormais dès que je
suis seul 2 minutes je tombe dans la visualisation
de ma course, et au moins durant toute la soirée
malgré les gens venant me questionner, je n'ai
pas le temps de gamberger, car il ne faut pas
que je perde trop d'énergie avec cela. Je termine
ma journée à presque minuit avec le casse-tête
de mes sacs intermédiaires que je vais déposer
demain lors de mon retrait de dossard.

17 Octobre 2005
11 heures de vol, et finalement cela passe trop
vite par rapport à tout ce que j'avais prévu. Ce n'est
pas grave car l'important c'est bien d'être enfin sur
le terrain de mes rêves et de mes angoisses.
21° à 5 heures du matin, je sors de l'aéroport
les yeux émerveillés par tous ces palmiers, puis
aussitôt mon regard se lève pour regarder droit
devant moi. "La vache !". Elle est énorme, elle
est pentue comme les falaises du Vercors, et elle
se dresse devant moi comme pour m'annoncer la
couleur d'entrée de jeu. La gorge nouée sur le coup
en pensant que cette partie là est loin d'être parmi
les plus dures, je refais face aussitôt, car ce n'est
plus maintenant que je vais prendre peur de la
montagne. Récupérer ma voiture, aller sur mon lieu
d'hébergement, refaire un bon déjeuner (car si ma
tête gère bien le décalage horaire, mon estomac
pas du tout), acheter quelques fruits et de quoi me
faire tenir jusqu'à mon nouveau midi, et voilà
4 heures de passées. Il est 9 heures, il doit faire
un bon 26-27°. Un petit tour sur le lagon dans une
eau du clarté rare. Changement de programme
vu la chaleur aujourd'hui cela va être récupération,
acclimatation, et prises de contacts avec toutes
les personnes que j'ai pu connaître via internet.
Tout est comme je l'imaginais, il n'y a que la chaleur
que j'avais sous estimée. Heureusement que je
suis arrivé avant le défi. Je m'endors comme un bébé
au bord de la piscine, avant de rejoindre un peu plus
tard Bernard et Patrick, lequel a déjà 6 Grands Raids
derrière lui. Durant 2 bonnes heures je bois ses
conseils qui incontestablement sentent le vécu, et
donc inspirent confiance. J'ai même droit à petit
cadeau de sa part : des bas de contention. " Mais
oui mesdames, cela existe aussi pour les sportifs ".
Je suis serein, mais malgré tout ma tête s'égare à
la moindre occasion : alimentation, chaleur, relief,
sommeil, tenues, ... tout y passe.

16 Octobre 2005
Enfin ! C'est le premier grand jour. Tous les bagages
sont près. Je bats au passage pour la première fois
de l'histoire de mon couple, ma femme en quantité
de bagages avec tout ce que j'emmène pour ma
course. Je suis méga zen, car ça y est la machine
est lancée. Une petite séance de relaxation pour
ma hanche, et puis c'est tout pour aujourd'hui.
Des centaines de têtes et de mots me reviennent
à l'esprit. Je sais au moins que les 11 heures
de vol passeront plus vite pour moi que pour
les autres ... A bientôt métropole, et
la Réunion me voilà !

15 Octobre 2005
Tout s'accélère et pourtant tout va si doucement ...
Incontestablement la pression monte, je ne peux
me le cacher. Les interviews pour France 3, Plus FM
et la Nouvelle République y sont probablement pour
quelque chose. Je me suis senti très à l'aise pour
chacune, mais inconsciemment je sais que l'on
va du coup parler de moi, et donc me suivre, et
ça tout à coup ça me fait quelque chose, car
ce n'est pas mon quotidien. Sans parler des
innombrables "au revoir et bon courage", "on est
avec toi", "c'est sûr tu vas y arriver", ... de mes
amis, collègues et de ma famille, qui augmentent
la pression. J'ai tellement voulu prouver que la
préparation et la motivation pouvaient déplacer
les montagnes (en l'occurrence il s'agira de les
franchir), que tout à coup je sens que j'ai presque
convaincu et que du coup je dois impérativement
réussir. Ma douleur à la hanche n'est pas soignée
mais je me sens mille fois mieux que je ne l'étais
la veille. Si jamais je prends le départ en pleine
possession de mes moyens, je ferai jusqu'à
la fin de mes jours l'apologie du métier d'étiopathe.
Avec cette pression, j'ai besoin de me défouler,
aussi j'entame durant 1/4 heure une partie de
ping-pong à fond contre la table, puis toujours
pas calmer, je tente une sieste sur un lit de bain
sur ma terrasse au soleil, mais ce n'est pas dans
ma nature et 5 minutes plus tard, je me relève
comme une balle pour filer sur mon vélo
d'appartement faire 30 minutes à 35 km/h. Ouf
ça va mieux ! Le plus dur pour moi reste toujours
l'inactivité, aussi je me décide à jardiner (avec ma
pioche évidemment). Un combat très dur s'engage :
tuer le temps jusqu'au départ demain !

14 Octobre 2005
Today it's the D day ! Eh oui, c'est mon dernier jour
de travail, alors je ne peux pas dire que c'est le jour J,
puisque je me garde cette expression pour le Grand Raid,
donc je me passe ce message en boucle, mais en
anglais. J'ai toujours intensément mal à la hanche,
mais aujourd'hui il m'est au moins possible de marcher.
Peut-être est-ce dû à ma joie d'en terminer avec
le travail qui m'a beaucoup accaparé ces derniers mois,
ou bien est-ce l'effet combiné de ma séance étiopathie
et de mon électro-simulateur pour me débloquer la
hanche ? Je n'en sais rien, mais en tout cas j'ai
le cœur léger et c'est bien là l'important. Je suis
tellement bien dans ma peau, que même mon mauvais
esprit n'arrive pas à m'adresser le moindre message
négatif. " Ah ah, je t'ai bien cloué le bec hein ?
je te l'ai dit, je ne sais pas encore comment mais
j'y arriverai !! " lui dis-je.

13 Octobre 2005
Ma tête ne cesse d'alterner les " c'est foutu " avec
les " c'est une chance, comme ça par la force des
choses , je me serai reposé ". Je n'ai bizarrement
aucune, mais alors vraiment aucune peur concernant
la course. De la folie, de l'inconscience, de la sérénité,
ou tout simplement suis-je trop occupé à penser
à mes petits bobos ? Avec objectivité, je pense
que la réponse est la sérénité. Je sais que ce n'est
pas 15 jours avant l'épreuve et donc encore moins 7
que l'on devient prêt pour une telle épreuve. Je pense
à mon père, notamment à tout ce qu'il ne m'a jamais dit,
et qu'il m'a pourtant appris à travers son comportement.
" Quoi qu'il arrive je dois m'adapter, mais y arriver ! ".
Si mon mollet semble aller mieux et si ma cheville
semble à l'unisson, en revanche ma hanche est
douloureuse comme jamais. Puis vient l'heure de
l'espoir perdu. Benoît Laval, coureur de haut niveau,
multiple vainqueur de raids et 2ème il y a 2 ans
à la Réunion, m'indique que j'ai intérêt à marcher dans
toutes les côtes et à ne courir que sur les faux plats
et les descentes. C'est super comme conseil,
au moins j' ai une information concrète. Oui mais
en même temps l'un de mes rêves s'écroule. Je rêvais
de toujours courir, et visiblement ça ne sera pas
possible. Tant pis. Mon seul objectif c'est bien de
terminer ce fameux raid. Je remets donc le maintien
de ma condition physique à mon électro-simulateur.
Si jamais je reussis, je lui devrai une fière chandelle ...

12 Octobre 2005
J'ai de la peine à le croire, mais ma cheville n'est plus
douloureuse du tout. Je veille bien sûr à l'utiliser sans
excès et surtout dans le bon sens du déroulé, en
croisant les doigts pour que ce soit réellement résorbé.
Moi qui pense être cartésien, je ne comprends pas
bien comment cela est possible, mais qu'importe,
cela est parfait ainsi. Mon mollet quant à lui, me
pénalise moins, pour autant je ne résiste pas à la
mi-journée à le palper pour voir, et effectivement
j'ai encore mal. En tout cas je peux désormais
marcher normalement et sans douleur ce qui constitue
un progrès considérable. Mon seul gros souci est désormais
ma hanche, car là en revanche si la douleur a bien
changé, elle est malheureusement toujours très
présente et chaque pas, chaque mouvement me rappelle
cette triste réalité. Mais il n'est pas question que
je me laisse terrasser par des petits bobos
après tous les efforts que j'ai fait et toutes les
épreuves que j'ai réussi à passer. " J'y arriverai,
je ne sais pas encore comment, mais j'y arriverai ! ".

11 Octobre 2005
Je tourne le problème dans tous les sens, mais rien à
faire, je n'ai aucune solution pour faire du sport
sans me faire mal. Je me rends compte à quel point
une hanche est finalement stratégique moi qui
croyait qu'il n'y avait que mes quadriceps, mes pieds,
mes mollets, et un peu mon dos. J'accepte sans aucune
honte de m'être trompé, en revanche il me faut
absolument une solution pour faire du sport. J'ai
l'impression que cela fait 5 minutes que l'on me tient la
tête sous l'eau, et il faut que je trouve une solution
immédiate ! Ce soir je suis chez l'etiopathe, et
malheureusement elle m'indique que je suis encore
plus atteint que ce que je pouvais croire : reste
important de mon claquage au mollet, entorse externe
sévère à la cheville gauche, et mon problème de
hanche qui n'est en fait rien d'autre qu'un déplacement
du bassin ! Elle me plie, me déplie, me replie ... avec
grande peine tellement mon corps à compensé. J'en
ressors avec toujours des douleurs, mais
incontestablement elles ont changé. Comme je le dis
souvent, l'humain est stupide lorsqu'il se sent faible,
aussi je me mets à croire au miracle en espérant me
lever demain matin guéri, même si elle m'a clairement
annoncé qu'il fallait que je me prépare à courir avec
mes petits bobos, car en 10 jours elle ne pense pas
pouvoir faire de miracle, et tout au mieux diminuer
mes douleurs. Je m'en moque j'y crois ! Le soir,
heureusement que ma femme est là pour me surveiller
et m'aider à me raisonner car je suis presque
incontrôlable tellement je suis en manque de sport.
Elle me fait ainsi descendre plus vite que je n'y suis
monté de mon vélo d'appartement lorsque je craque
en essayant de voir si je ne pourrai pas faire du sport
sans me blesser. Du coup ce ne sera qu'une séance
d'électro-simulation même si clairement cela ne
m'apporte pas le bien être que j'éprouve
habituellement en faisant du sport.

10 Octobre 2005
Je marche comme un handicapé. Je m'agace
tout seul en pensant que désormais, ma hanche
me fait plus mal que mon mollet et ma cheville
réunis. Aujourd'hui je n'ai donc aucun souci
pour suivre mon plan : je ne peux pas courir.
C'est donc repos total, et heureusement je passe
une longue partie de soirée avec des amis du
club ce qui me permet de penser à autre chose.
Je me sens comme un lion en cage. J'ai besoin
d'aller voir ce qu'il se passe dehors mais je ne
peux pas. Je mêle un étrange désir que le
Grand Raid arrive vite, avec le souhait qu'il soit
repoussé pour que j'ai le temps de me soigner.

09 Octobre 2005
Une nouvelle fois raisonnable, je renonce au
trail de 27 km proposé pour m'aligner sur un 5,5
et un 11,7 km, car j'ai peur de me blesser
stupidement (comme je sais si bien le faire) en
chutant sur une racine ou une pierre. Sur le 5,5 km
je suis bien malgré une douleur maîtrisable au
niveau du mollet et de la cheville. Je me surprends
même à ne pas forcer alors que dans le peloton
de tête à mi-parcours, je décide de lever le
pied malgré une chance de finir sur le podium.
Je termine 6ème en ayant parfaitement contrôlé
mon rythme cardiaque, en n'ayant pas aggravé
mes douleurs, et en 3mn28 au km ce qui dans
cette situation me convient parfaitement.
Tout baigne jusqu'à ce que je prenne le départ
du 11,7 km, et là allez savoir pourquoi dès les 500
premiers mètres, j'ai mal au mollet et à la cheville.
Je lève le pied aussitôt pour contenir la douleur
mais je ne suis pas prêt à abandonner. Cela
reste supportable jusqu'à ce qu'au 5ème kilomètre
je me retrouve totalement bloqué au niveau de la
hanche gauche. Je peste contre moi, et me traite
de gonzesse (je n'ai rien contre les filles bien au
contraire, il s'agit juste d'une expression pour tenter
de me révolter). Mais rien n'y fait. Je diminue à
16 km/h, puis 15 km/h mais cette toute petite
course me semble interminable. Jusqu'au soir et
malgré les cachets et massages, je reste bloqué.
Je retourne le problème dans tous les sens, sans
arriver à comprendre mon erreur. Les seules hypothèses
plausibles me semblent être que j'ai trop compensé ma
douleur au mollet en tirant mon corps sur la gauche,
mais je n'en suis même pas sûr, et que j'ai
particulièrement mal géré mon arrêt de 30 minutes
entre les 2 courses, en ne tenant pas mon corps en
activité. Cela me conforte d'ailleurs dans mon souhait
de ne jamais m'arrêter à la Réunion. Vraiment j'ai hâte
de partir (J-7) parce qu'il me devient insupportable
de me blesser sans cesse.

08 Octobre 2005
Comme promis je suis raisonnable, donc pas de
course à pied. Mais raisonnable ne veut pas dire
pour autant "sans rien faire". Je m'octroie donc
une petite heure de VTT dans le bois. C'est
parfait, puisqu'il s'agit d'un sport porté, donc
sans impacts, mais surtout cela me permet de
ne pas avoir le mollet en pleine extension et de
conserver quasiment tout le temps ma cheville
en position de repos (pas en extension non plus
donc). Je prends plaisir avec des sensations de
vitesse totalement différentes de celles de la course
à pied.
Tout est parfait quand tout à coup je me
retrouve au beau milieu d'une chasse non annoncée
et non balisée. Je veille à bien saluer chaque tireur
en poste pour être sûr qu'il m'ait vu, car malgré
ma tenue bleue j'ai peur que l'un d'entre eux pris
par son rôle ne m'oublie. Et alors que j'avais déjà
salué une vingtaine de chasseurs, je manque de
chuter ... en roulant sur un chevreuil abattu
d'une balle en plein coeur au milieu du chemin.
Aussitôt je suis pris d'une forme de dégoût.
Non pas de la chasse, car même si je ne suis pas
chasseur, cela fait pour moi partie de la nature.
En fait, je suis dégoûté parce que le chevreuil
a certainement commis une erreur à un moment
et il l'a payé cher. J'aurai tant voulu être là
pour analyser le mauvais choix qu'il a fait, et
lui dire d'en faire un autre. Impossible de
m'enlever cette idée de la tête jusqu'à mon
retour, car je sais que ce sont sur des détails
que se jouent souvent des choses importantes ...

07 Octobre 2005
Ce soir ce n'est qu'une petite sortie, malgré tout
je suis heureux de retrouver mes baskets et ma
campagne. J'ai l'impression que plus je courre
calmement plus je suis serein, apaisé, et lucide ??
Du coup je n'ai plus envie comme si souvent de m'en
mettre plein la vue, j'ai plutôt envie de prolonger
au maximum l'effet de ma drogue. La nouvelle
du jour, c'est que visiblement mon aventure
semble intéresser les médias, puisque France 3
et La Nouvelle République ont prévu des reportages
sur moi. Du coup je me trouve dans une situation
étrange, qui ne me pose pas de problème pour
l'instant, mais pour laquelle je reste vigilant.
J'ai peur que cette médiatisation, pour un petit
gars comme moi, anonyme, sans palmarès, et
sans autre ambition qu'arriver ne devienne une
pression comme pourrait l'être celle d'avoir des
partenaires qui m'ont "investit" leur confiance
en moi. Pour l'heure ma préparation mentale, me
permet de gérer sans stress cette situation nouvelle
mais je veille, car comme pour tout ce que je n'ai
jamais testé je ne peux avoir confiance en mes
réactions. La seule ombre au tableau à ce jour, c'est
que ,sans que ça me bloque, je me ressens toujours
de mon mollet et de ma cheville dès que je les sollicite
un peu trop. Mon plan est donc clair, je ne ferai que
du rythme à Saint Gervais sur les 2 courses courtes
sur lesquelles je suis inscrit, et ensuite ce sera
repos total, car je n'ai plus le droit de prendre
le moindre risque.

06 Octobre 2005
Ca y est la machine est en marche ! Ma tête a
commencé son compte à rebours. Je suis à 10 jours
du départ, et maintenant je commence à penser
aux derniers préparatifs. Il me reste plus qu'une
course ce week-end pour me défouler, et ensuite
ce sera le début de ma difficile période de repos
pour faire "du jus". Ah si seulement il était
possible de sauter cette étape ...
J'espère que je conserverai jusqu'au départ
la sérénité qui est la mienne actuellement.

05 Octobre 2005
Ma cheville est toujours douloureuse, mais je suis
tout de même content car en cette fin de soirée,
je sais que si je dois faire attention à cette blessure
elle n'est finalement à priori pas trop grave.
Je m'organise donc une petite heure de vélo
d'appartement
seulement pour me ménager et pour
profiter des miens après 7 jours loin d'eux. Mais 2
questions me viennent alors à l'esprit : comment vais-je
faire pour ne presque plus avoir d'activité physique
les 15 derniers jours puisque je dois faire "du jus" ?
et comment vais-je faire pour abandonner totalement
mon activité professionnelle et associative durant 15
jours, alors que je sais que je vais avoir des dizaines
de choses urgentes à faire ? Puisque personne n'est
irremplaçable, ce sera donc le moment de le prouver,
et pour ma première question je me dis que je n'ai plus
que 3 jours pour devenir intelligent et comprendre
à quel point ces jours seront stratégiques pour moi

03 Octobre 2005
Seulement 3h30 de course dans 2, puis 5, puis 10,
puis 20, puis 30 cm de neige ! Non vous ne rêvez pas
j'ai bien dit dans 30 cm de neige. Je suis toujours en
short mais le plus dur c'est de boire de l'eau gelée.
Pourtant si je vénère et respecte toujours Dame Nature,
il n'est pas question de céder face aux éléments. Je me
perds, me retrouve, puis me reperds ... dans le brouillard
la neige et la tempête. Peu m'importe. J'ai décidé que
j'attaquais par ce versant pour redescendre par l'autre,
donc à moi d'être réfléchi et vigilant pour y arriver.
Le pauvre employé des remontées mécaniques qui
m'a vu depuis son 4x4 arrêté dans la tempête,
est certainement encore figé la bouche ouverte
après m'avoir vu redescendre, revenant de dieu
sais où et en short ! J'en ris encore ...
Evidemment au retour je surfe (sans jeu de mot,
même si je suis surfeur en hiver) après ce que j'ai
vécu, encore plus pour le bouseux que je suis, car
je termine en croisant chevreuils, écureuils et ânes
comme des trophées que la nature aurait mis
sur mon chemin en guise de récompense ...
Mes seuls regrets de la journée seront de n'avoir jamais
pu sortir mon appareil photo tellement les conditions
étaient extrêmes (ce qui ne me facilite pas la restitution
de la situtation), et de m'être fait une entorse à la
cheville gauche à moins d'une heure de l'arrivée,
au moment même où j'ai commencé à croire que
j'avais fait le plus dur et du coup perdu de l'attention.

02 Octobre 2005
8h30 de sports toujours en montagne. Cette fois
ce fut plus court que la veille, mais quelle intensité !
J'ai commencé par 3h30 de course dans le brouillard et
une tempête de neige (20 cm de neige), mais je suis
déterminé comme jamais. Je réalise une sortie
fabuleuse, seul en duel avec l'environnement.
(photos sur le lien photos d'entraînement en haut)
Comme hier, malgré un coup de fatigue au retour
de ma sortie, j'enchaîne derrière marche avec sac
à dos, natation avec renforcement musculaire,
électro-simulation intense et séance abdominale.
Je suis ravi d'avoir su me dépasser pour enchaîner 2
jours comme ceux-ci, mais je me garde de fanfaronner
car je sais qu'il m'en reste un 3ème à réussir.

01 Octobre 2005
10h30 de sports en montagne aujourd'hui ! Oui oui,
ce n'est pas une faute de frappe. 4h15 de course
de montagne, 2h de marche en montagne, 1h
de piscine, 1h30 d'électro-simulation intense,
1h de travail abdominal, et enfin 45 mn d'étirements
activo-dynamique, passifs et activo-passifs.
Incontestablement le moral est là, car ces derniers
jours sans pouvoir courir ont été particulièrement longs,
et là je n'ai plus de doute sur ma forme physique.

28 Septembre 2005
Je suis d'une patience sans limite lorsque j'entreprends
quelque chose ou fait partager mes connaissances,
en revanche je suis patient comme un chat qui se
brûle la queue dès que quelque chose ou quelqu'un
entrave le bon déroulement de mes projets.
Autant vous dire qu'aujourd'hui je ressemble
comme 2 gouttes d'eau à un chat avec mon mollet
pour lequel je n'entrevois aucune évolution ...
La bonne nouvelle du jour, car il faut bien qu'il y en
ait de temps à autre, c'est que j'ai reçu mes tenues
de retour du flocage, et je les trouve superbe.
Et même si je sais que le flocage ne changera rien
à mes sensations dans celle-ci, je ne résiste pas à
une séance d'essayage complète, dont voici les photos

Tenue Chaude  De Profil  Coupe Vent  Tenue Légère

26 Septembre 2005
Rien à faire je suis sérieusement blessé. Je dois bien
avouer que mon plaisir d'avoir vaincu la douleur hier
est très largement diminué par la persistance de cette
inflammation. Même si la tentation est grande, il n'est
pas question que je sombre mentalement, car cela est
déjà suffisamment pénible ainsi. Je m'accroche ainsi
toujours à un lendemain meilleur, à la pensée d'autres
coureurs au cas bien plus grave que le mien et à la mort
qui frappe à nouveau l'un des miens, ... Non je ne
pratique pas la méthode Couet, je sais que j'ai la
chance d'avoir déjà une endurance importante et
que j'ai également la chance de disposer d'un électro-
simulateur qui me permet de maintenir une activité
pour tous mes muscles valides. Désormais je me
consacre donc à la récupération pour pouvoir
réaliser comme prévu mes 3 jours dans les Alpes, le
week-end prochain avec au menu, course avec tenues
et sac final, dernier tests alimentaires, et dernière
longue course de nuit en milieu inconnu.

25 Septembre 2005
J'y suis sur cette ligne de départ. Une chose est sûre,
ce sera un marathon plaisir. Pas de stress chronométrique,
un nouveau parcours et un nouveau marathon peut-être
à ranger dans un coin de ma mémoire, et puis tous les
copains qui eux sont préparés, avec tous les "voyants
au vert" dans l'espoir de passer cette mythique ligne
le plus rapidement possible pour chacun.
Une première boucle de 2,5 km, et me voilà parfaitement
au courant de la situation : ce sera très dur. J'ai un
2ème tour pour réfléchir si je dois abandonner.
Rien que le mot me donne des frissons, alors tant pis
si j'ai vraiment mal, je courre en me déhanchant mais
je courre. Jamais l'idée d'abandonner n'aura été si
présente dans mon esprit tout au long de la course,
mais jamais elle ne m'aura autant motivé !
Je termine avec les pires douleurs jamais connues sur
un marathon, mais je termine. J'envisageais de courir
en 3h, je finis en 2h53 a ma grande surprise (je n'avais
pas mis mon chrono), preuve que mon fond est là.
Je passe entre les mains du kiné étonné de voir mes
muscles si peu endoloris de l'effort, jusqu'à ce qu'il mette
les mains sur mon mollet droit, s'arrêtant immédiatement
de me masser (je ne lui avais rien dit) et se fendant
d'un "là je crois qu'il est urgent de s'arrêter !".
OK message reçu, de toute manière il m'est désormais
impossible d'envisager quoi que ce soit d'autre que du
repos dans cet état, mais une seule chose m'importe
alors, le résultat de mon match du jour :
Ma tête : 1 - Mon coprs : 0 !!

24 Septembre 2005
Je tente de rassurer tous mes amis du club, sur le bon
déroulement de leur marathon, mais moi c'est niet.
Je m'accroche toujours à cette improbable chance
sur 10000 de courir, mais pommades, cachets, et
"même pas mal" de ma tête n'y font rien. Et puis vient
l'heure du rituel de la pasta-party, je me sens tellement
bien dans cette phase ultime de la préparation à un
marathon, que tant pis je décide de m'aligner.
J'ai besoin de ressentir autour de moi ce stress de
coureurs qui sourient en espérant que ça passe, et
surtout que le départ arrive vite. Mon objectif :
courir 10 km au moins, 20 si possible, finir en
m'arrachant si j'en ai la rage pour m'entraîner à
avancer coûte que coûte, dans l'hypothèse où
un mal aussi fort survienne à la Réunion.

23 Septembre 2005
Je peux retourner le problème dans tous les sens, il n'y a
aucune solution : j'ai un claquage et il m'est impossible
de courir. "Impossible", qu'est ce qu'il me fait mal ce mot,
je crois qu'il me fait plus mal, que le couteau que j'ai
l'impression d'avoir dans le mollet. Ma 2ème voix me dit
qu'avec un peu de chance (1 sur 10000 ?) je pourrai
courir le marathon de Laval avec les copains comme
prévu. Quand je m'écoute me dire ça, je repense à
cette même petite voix qui m'a dit de courir dans le
métro, j'ai envie de lui tordre le coup, mais comme
l'on est stupide quand on est fragile, je crois à ma
chance sur 10000 ...

21 Septembre 2005
La journée finit mal : je ne peux pas m'entraîner ce soir !
J'ai envie d'hurler tellement je suis en colère contre moi.
Alors que j'allais prendre le métro comme chaque jour,
j'écoute la sonnette annonçant la fermeture imminente
de la rame. Je suis à 50 mètres et il y a de nombreux
escaliers. Il est donc impossible que je l'ai, et à
la simple évocation de ce " il est impossible que je l'ai ",
je me lance dans un sprint sorti de nulle part et je l'ai.
Oui mais, car il y a un mais, je me suis fait
un claquage au mollet droit !
" Non c'est un petit pic, mais c'est rien, t'as eu
de la chance " me dis-je en me mentant honteusement,
et ma tête qui me répond " tu me prends pour une
andouille ou quoi, ça sert à rien de ne plus bouger
ton mollet en espérant que tout disparaisse,
tu sais très bien que TU t'es blessé bêtement ! ".
Je reste immobile autant que possible puis je tente
un étirement pour voir, si par hasard ça ne serait pas
une contracture (même à mon age on croit au père noël …).
Pas le temps d'étirer le muscle, et je comprends tout de suite
que c'est grave. Je ne peux ni étirer ni plier ma jambe.
J'ai le droit en boucle dans ma tête jusqu'à la fin de la soirée à
" mais pourquoi il faut toujours que tu sois plus bête que
la moyenne ? Tu n'étais pas en retard, mais il a fallu
que tu joues. T'as vu où que l'on faisait un sprint
sans s'échauffer ? ". Je croise les doigts pour que
tout passe dans la nuit avec un bon massage.

20 Septembre 2005
Une petite douleur à la hanche depuis 2 jours,
mais rien de grave. J'en suis presque heureux,
car je m'inquiétais d'avoir "tous les voyants
au verts" durant ma préparation alors qu'il m'arrive
toujours quelque chose en temps normal.
Mentalement je me suis refait une santé, et
j'ai de nouveau envie de manger des kilomètres.
Ce soir je me suis contenté d'une petite séance
légère de mémorisation d'allures et de jeux
avec ma foulée pour parfaire la maîtrise de mon
déroulé. Sinon ça y est le compte à rebours
par rapport à la course à commencé J - 30 !
J'ai hâte car ma préparation physique est
désormais jouée, et j'ai vraiment envie d'en découdre.

18 Septembre 2005
Et 1, et 2, et 3 zéro ! Vous connaissez ? Bien sûr,
mais aujourd'hui pour moi c'est une assurance bonne
humeur pour quelques semaines puisque Saint-Etienne
a étrillé le PSG 3 à 0 dans son chaudron. Pour moi
qui travaille à Paris cela m'annonce au minimum 2
semaines tranquilles à pouvoir chambrer sereinement ...
(je vous avais dit que j'étais fou ... des verts).
Tous les plaisirs sont bons à prendre d'autant plus
qu'à contrario je vais devoir me motiver pour ne
presque pas m'entraîner cette semaine (4 séances
seulement) pour laisser se reposer mon corps,
et surtout ma tête ! Cruel dilemme en effet.
Je sais que je dois me reposer pour redonner
une envie forte à ma tête et préserver mon corps
afin de ne pas risquer une blessure de fatigue,
mais en même temps je ne sais que j'ai besoin d'être
dehors et de courir pour assouvir ma boulimie.
Mais je suis décidé et je vais tenir !

17 Septembre 2005
Petit coup de calgon. J'avale toujours les kilomètres,
mais ma tête ne me répond plus ???
Habituellement je peux tenir une conversation avec
ma petite tête pendant des heures de course, et là
cela fait 2 jours de suite : RIEN ! Je n'arrive pas à
savoir si j'ai peur, si j'ai envie de quelque chose,
si je ferai mieux de faire ça ou ça, si mon combat
contre mon poids peut avoir une incidence grave, ...
En fait en y réfléchissant je crois que je suis victime
d'une certaine lassitude : plus de montagne à défier,
des dizaines de kilomètres avalés sans me rendre compte
de plus rien,
un manque de sommeil évident qui m'amène
à me demander si je ne me mets pas en danger tout seul,
et un compte à rebours par rapport à ma course que j'ai
commencé dans ma tête et qui pourtant me semble si loin.
Oui, j'ai maintenant vraiment envie d'en découdre.
Car si je sais me montrer patient comme personne pour
certaines choses et certaines personnes, je suis patient
comme un chat qui se brûle la queue par rapport à mon défi.
Question poids pour la petite histoire, (mesdames, je vous
vois écoute déjà me dire "c'est pas juste") je mène un
combat quotidien pour enrayer ma chute de poids.
A tel point que moi qui ai un bon coup de fourchette,
j'éprouve toutes les peines à manger plus que ma faim
avec chocolats, vins, fromages, ... pour ne pas peser
moins de 67 kg. Cela dit ce n'est pas le plus dur
de tous mes défis ...

15 Septembre 2005
Youpi je l'ai eu ! Bon honnêtement ce n'est pas
une grande surprise, et encore moins
une grande victoire, mais je suis tout de même content
car mon médecin a signé mon certificat d'aptitude physique,
obligatoire pour courir la Diagonale des Fous. Le contrôle
global, va jusqu'au tour de taille (pour l'embonpoint ?).
Petite satisfaction personnelle, et ce même si je ne l'ai pas
travaillé bien sûr, mon cœur bat à 47 pulsations par minute
lors du test de Ruffier (30 flexions sur ses jambes les bras
tendus à l'horizontal, en moins de 45 secondes),
ce qui est particulièrement bas et donc signe
de bonne forme. Le médecin lui-même surpris
a repris 2 fois mon pouls, pensant qu'il y avait une erreur.
Le soir petit fractionné de 10 fois 500 m à allure marathon pour
que mon corps et ma tête mémorisent bien les sensations.
Il s'agit donc d'une vitesse bien inférieure à mes capacités
maximales, du coup j'ai l'impression d'une promenade de santé.
Je pense que le contrôle médical qui a précédé mon entraînement
m'a aussi beaucoup aidé à " surfer sur la vague " mentalement.
De nombreux jeux d'explosivité pour finir et une longue
séance d'abdominaux, me permettent de rentrer suffisamment
émoussé pour être satisfait.

10 Septembre 2005
L'entraînement longue distance continue. Et j'ai toujours
du mal à croire moi même que je puisse enchaîner les
marathons en guise d'entraînement. Aujourd'hui c'est même très
particulier puisque je participe au Marathon du Médoc avec
des amis du Loir et Cher. Petite entorse à la règle avec une
consommation excessive de crus bourgeois (Lafite Rothschild,
Pontet-Canet, Mouton Rothschild, Grand Puy Ducasse,
Leoville Las Cases, ...). Ce sont pas moins de 21 dégustations
que j'ai fait, avec pour certaines une facheuse tendance
au " reviens-y " ! Je n'ai finalement raté absolument
aucune dégustation, j'ai mangé à ne plus savoir où les mettre
des huîtres, des entrecôtes et du fromage durant la course,
le tout en courant déguisé en bébé. Si si avec une véritable
couche culotte qui aura bien tenu les 42,195 km, un bavoir,
une grosse tétine, un biberon de vin, un hôchet et une
charlotte sur la tête. Succès garanti. D'autant plus que sur
toute la distance je me suis attaché à tirer un caddy de 2m50
de haut avec une énorme bouteille dedans. Vous voyez que
je suis fou. En fait en m'amusant je m'entraîne sur énormément
de points : la distance bien sûr, mais courir doucement n'est pas
de tout repos, courir avec les 2 mains occupées l'une à tirer
le caddy, l'autre à tenir ma couche et mes ustensiles non plus,
résister aux violentes averses suivies de gros coups de chaleur,
et enfin ne pas disposer de l'alimentation idéale pour tenir
cette distance. Bien sûr cela doit rester exceptionnel au titre
de ma préparation. Enfin la veille au soir du marathon j'ai appris
que j'avais un perdu un proche auquel je portais beaucoup
d'affection, et finalement rire et boire comme je l'ai si souvent
fait avec lui, ne pouvait être que le meilleur hommage à lui rendre.

5 Septembre 2005
Après une journée particulièrement éprouvante
professionnellement depuis 7 heures du matin et une réunion
d'association jusqu'à 23 heures, je pars comme prévu depuis
la veille pour une sortie nocturne dans les bois. Objectif :
valider à nouveau mon matériel et retester mes sensations
en course de nuit dans un milieu peu accueillant et sécurisé.
Il est 23 heures 30 et honnêtement j'ai le coeur qui bat la
chamade, car si je cours la nuit toute la l'année, là il est très tard,
il pleut et je vais courir dans ce que l'on a coutume d'appeler un
terrain non praticable dans les bois, c'est à dire sans aucun chemin !
Si mon coeur se sent plutôt à l'étroit dans ma cage thoracique,
je suis en réalité tout juste à une vitesse d'échauffement.
Oui le stress et ses sensations ne font pas battre le coeur
plus vite. Finalement, tout se passe bien durant un peu
plus de 1 heure 30. Ma seule vraie trouille n'aura pas été
le bruit des feuilles, le bruit des animaux, les nombreuses
paires d'yeux aperçues en statique, ou les gouttes
ruisselantes sur les arbres puis sur mon corps,
mais une odeur ! L'odeur incomparable d'une meute
de sangliers. Cette odeur ne m'accompagnera pas plus de
300 mètres, mais 300 mètres, dans le noir, en forêt, hors
sentiers ça fait très long. Ma tête a trouvé cela si dur,
que j'ai l'impression d'avoir couru 5 ou 6 km.
Arrivé à la maison je suis satisfait de mon entraînement
et de mes réactions, en revanche pour une nuit très noire,
ma lampe frontale a atteint ses limites, et surtout je n'arrive
pas à m'enlever de la tête qu'à la Réunion je devrai renouveler
cette expérience sur une durée 5 à 6 fois plus longue.
Dit comme ça il faut avouer que c'est une source d'inquiétude
non négligeable, car rien que dans la forêt et un niveau de
fatigue finalement pas très élevé, j'ai manqué de chuter
un nombre de fois conséquent...

4 Septembre 2005
Hier c'était 20, 30, 50, aujourd'hui c'est 15, 30, 55 !
Si c'est une addition il y a un problème sur la seconde
vous allez me dire. Non, en fait j'ai décidé que ce week-end
je devais rendre à mon corps toute l'attention qu'il mérite
pour ce qu'il m'a déjà apporté, aussi ai-je fait samedi et
dimanche uniquement du VTT pour diminuer les contraintes
articulaires et tendineuses qu'il subit. Les nombres annoncés
ne sont en fait que mes vitesses mini, moyenne, et maxi
en fonction du parcours. Je pourrai même ajouter 30 et 60
pour être exhaustif : mes distances parcourues dans les bois.
Et puisque j'ai décidé d'être dévoué à mon corps ce week-end
j'en profite pour une révision générale de 2 heures avec :
podologue, ophtalmologue, et dentiste. Vous vous
demandez sûrement pourquoi je vous raconte ça ? C'est
très simple ! Même si je n'ai mal absolument nulle part, il convient
de faire préparer ses pieds avant de partir (ça tout le monde
l'aurait deviné), mais il est également important pour un porteur
de lentilles de faire vérifier sa vue pour des conditions extrêmes
et de se faire prescrire des lentilles susceptibles d'être portées
plusieurs jours dans des conditions d'hygiène déplorables.
Enfin, les maux de dents étant à l'origine d'innombrables
problèmes de santé (tendinites, fièvres, vertiges, douleurs
dorsales, ...) il convient de faire vérifier que je n'ai pas de
maux potentiels en bouche, d'autant plus que déjà très attentif
à mon hygiène bucco-dentaire je vais habituellement 2 fois
par an au moins me faire contrôler et détartrer les dents.
Il est important de faire ces contrôles suffisamment tôt pour
2 raisons : la première c'est qu'en cas de problème cela laisse
le temps de corriger le tir, la seconde c'est qu'avant n'importe
quelle épreuve on ne touche plus à rien dans les 2 à 3 semaines
qui précèdent et on se concentre sur ce que l'on connaît
(pas de nouvelles tenues ou chaussures, pas de nouveaux
produits alimentaires, pas de nouveau traitement médical, ...).

Enfin check-up personnel : je pèse 67 kg avec un taux de masse grasse
de 10% ce qui est tout simplement idéal, car peu de graisse, mais
suffisamment de poids pour avoir des réserves sur une distance
aussi longue que celle que j'envisage. Petit repère sur la masse grasse :
on considère un homme actif en bonne forme s'il ne dépasse pas les
20% de masse grasse, et un athlète de haut niveau oscille lui entre
8 et 10% de masse grasse.

31 Août 2005
Je l'ai eu ! Je l'ai fait ! Je n'était pourtant pas particulièrement
bien mentalement et physiquement, mais archi décidé à laver
mon échec de la veille. Bien que parfaitement alimenté
et hydraté cette fois ci, je sentais avec la chaleur
étouffante qu'il faisait, que j'avais besoin d'en faire plus
pour partir avec toutes les chances de mon côté.
Petite collation, réhydratation, 1/2 h de détente
dans la piscine et me revoilà frais et dispo pour ce défi
dans le défi : courir un fractionné de 30 x 400 m.
Même technique que d'habitude, je compte en positivant
à chaque tour sur mes calculs. Youpi ça marche ...
jusqu'à ce que je passe les 20 fractions, mentalement plus
berné par mon artifice et déjà bien entamé physiquement.
Décidé à venir à bout de ce fractionné
qui a plus de valeur psychologique que physique,
j'applique ma technique des 100 km : faire abstraction
totalement que je courre et continuer comme un canard
sans tête tout en tentant de positiver sur des décomptes
qui pourraient paraître sans importance. Miracle ça passe.
Je termine même façon "les chevaux sentent l'écurie",
sans savoir ni comment ni pourquoi. Je réalise mes 6 dernières
fractions de plus en plus vite pour atteindre, malgré une fatigue
non dissimulable, une vitesse à peine croyable, à plus de 90%
de ma FCM. J'ai tellement mal aux jambes que j'en écourte
ma séance d'étirements, mais en tout cas dans ma tête
ça plane car je me dis en boucle : " je l'ai fait ! "

30 Août 2005
Premier loupé monumental. Ce soir j'avais prévu un fractionné
qui "tue" : courir 30 fois 400 m à fond avec 1 minute seulement
de récupération entre chaque fraction. En fait j'ai joué, et j'ai perdu !
Oui car 112 km ce week-end, pas de repos le lendemain, 1 heure de
marche rapide le midi d'un fractionné et une alimentation
bien insuffisante en terme de sucres lents, cela fait beaucoup trop.
Le constat est clair après seulement un kilomètre : je suis trop
fatigué pour réaliser correctement cet entraînement.Ce qui
m'agace le plus ce n'est pas de ne pas avoir fait cet entraînement
aujourd'hui, ni d'avoir un passage creux, c'est de me laisser
stupidement piéger par quelque chose que je connais parfaitement :
la bonne gestion de l'effort et le besoin de récupération.

28 Août 2005
112 km de montagne ce week-end. Pas grand chose de nouveau
me direz vous vu ce que j'ai déjà fait il y a 15 jours. Effectivement,
ce ne sont pas mes 2 malheureux kilomètres supplémentaires qui ont de
l'importance. En revanche le fait que j'ai fait cette fois ci ces kilomètres
en 2 et non plus en 3 jours (45km le samedi et 67 le dimanche),
constitue une évolution conséquente de mon entraînement !
Je ne ressens aucune douleur et suis réellement surpris par
l'aisance dont je fais preuve pendant et après ces séances.
Pour autant je pense que je n'ai jamais été aussi inquiet
par ce qui m'attend à la Réunion (???) ! Probablement que ce type
d'entraînement me fait toucher du doigt l'intensité de ce que
je vais vivre, alors qu'en même temps je me dis que là bas
j'aurai 95 ou 75 kilomètres supplémentaires à parcourir
sur un terrain beaucoup plus technique et usant ...

17 Août 2005
1, 2, 3, 1/5eme, 1/4, bientôt la moitié, la moitié, à 2 fractions
seulement des 2/3, 2/3, 3/4, 4/5, plus que 3, plus que 2,
et la dernière ! Ca y est j'ai pété un câble vous dîtes vous ?
En fait il s'agit de ma technique personnelle pour passer
des obstacles : lorsque tout ne va pas comme je veux,
ou lorsque je sais que ce qui m'attend est particulièrement
difficile, je calcule ! Oui vous avez bien lu, je calcule,

car pour moi les mathématiques sont un plaisir, ensuite tant que
ma tête est occupée je n'ai pas le temps de penser à me plaindre,
enfin tous les chiffres que je m'annonce sont factuels et donc me
remontent le moral car je vois bien que je progresse dans mon effort.
Dernière petite astuce, chacun de mes phrases comment par "déjà",
ce qui me fait "déjà 1/4", "déjà 2/3", "déjà 4/5" ...
Pas question de me dire "allez encore ...".
Et pour en terminer avec mon mental, alors que je terminais
mon 20 x 400m et que mes abdominaux tremblaient de douleur,
je decide de rajouter une 21ème fraction de 400 m, non pas par
masochisme, mais juste pour habituer ma tête à réagir
face à l'imprévu, un mauvais calcul, la douleur qui augmente ...
Je termine bien lessivé mais heureux de mon physique
comme de ma tête.

15 Août 2005
110 km de montagne en 3 jours et pas le moindre signe de fatigue, ni la
moindre douleur. Bien sûr que cela me fait plaisir, mais je ne m'autorise
aucun "Youhooouuuuu" car je sais que la vérité d'aujourd'hui ne sera
pas forcément celle de demain, mais surtout parce que
la diagonale des fous ça va être un tout autre registre que ces 110
malheureux kilomètres. En même temps, je vous rassure, je n'ai pas
l'intention de tomber dans un négativisme profond, car je sais
(et je n'hésite pas à me le dire) que tout va bien ... par rapport
à mon plan. La bonne nouvelle du week-end c'est que j'ai enfin
réussi à m'alimenter efficacement durant mes sorties.
La deuxième bonne nouvelle, c'est que ces 3 jours en montagne,
ont bien rempli la tête du campagnard que je suis, ainsi
mentalement je n'éprouve à ce jour aucune fatigue intellectuelle
pour toutes mes autres activités, dont mon travail.

8 Août 2005
Dur réveil ! Les vacances sont terminées ... Et comme j'aime bien
baigner dans les idées positives, je me dis aussitôt et à juste titre,
que j'en ai bien profité ! 2 semaines à monter et descendre des pistes
de ski toutes plus raides les unes que les autres, à courir entre 2 et 4h
par jour, à faire ensuite des balades, du vélo, des musées, des grottes,
des cascades, ... J'ai découvert tellement de choses allant de
la peur à l'extase durant mon séjour que ce fut réellement un succès.
Et puis quel bonheur pour un "cul terreux" comme moi,
que de concilier entraînements, moments privilégiés en famille
et contact permanent avec la nature. Je reviens bizarrement
pas du tout éprouvé par des séances tout de même corsées
(des milliers de mètres montés puis descendus, des chutes sur des
pierres instables, des séances à quelques centimètres du vide,
et même une sortie de nuit avec couchage seul au sommet
de la montagne un jour de tempête).
Probablement que le bien être de ma tête m'a fait surmonter
haut la main les épreuves. Ca tombe bien c'est que je veux prouver ...
Mais désormais je suis extrêmement attentif à mon mental,
car nul besoin d'être un sportif pour se laisser démobiliser par un
retour à la "routine". A moi de veiller désormais à ce que je mette
autant d'entrain dans mon travail, mon entraînement, ma vie
associative ... que lorsque j'étais dans l'exceptionnel.

13 Juillet 2005
Ce soir ce sont les vacances. En route pour Villard de Lans
dans les Alpes afin de combiner entraînements et vacances.
Au programme ce sera chaque jour la remontée des pistes
les plus dures en prenant soin d'aller dans les endroits les moins
praticables et les plus pentus. J'en profiterai pour valider le choix
de certains matériels et aliments, et enfin je ferai en sorte
d'alterner les sorties de nuit et les sorties à midi pour m'habituer
au manque de visibilité, au décalage horaire du rythme biologique
et à la chaleur lors des sorties de jour.
Pusqu'il s'agit tout de même de vacances, je pratiquerai en dehors
des traditionnelles visites, la piscine, le vélo et la marche
en famille pour compléter mon volume d'entraînement.

10 Juillet 2005
3 semaines que je n'ai pas vu une paire de baskets et tant mieux.
Physiquement comme mentalement j'étais trop éprouvé
pour continuer ainsi, et comme je le dis souvent, le repos fait
partie l'entraînement. Il n'est pas rare de voir des coureurs
sur-entraînés arriver lessivés le jour J pour n'avoir pas su se reposer
ou pour avoir couru trop souvent l'épreuve dans leur tête.
Du coup j'ai mis à profit ces 3 semaines pour préparer
mon aventure : achat du matériel, des produits alimentaires,
et planification de mon entraînement.

19 juin 2005
6 mois de préparation spécifique marathon, et 2 marathons
(en avril et juin) résument parfaitement ma préparation
physique de ce premier semestre. Résultat :une forme,
un niveau et une aisance jusque là jamais atteints.
Côté mental, en revanche rien à faire : il ne se passe pas
un jour sans que je ne pense à cette Diagonale des Fous.
C'est motivant et stressant en même temps de se poser
sans cesse des questions pour savoir si j'ai le niveau.